<A HREF="http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2246633915/avoialir-21" target="_blank">Acheter ce livre</A>
Le 17 septembre 2002

Un premier roman aux parfums oulipiens, tricoté de grâce ludique.
Attention talent ! Raphaële Vidaling, lutin facétieux, fait entendre sa voix singulière dans un premier roman aux parfums oulipiens, tricoté de grâce ludique.
Problème insoluble. Ses semblables sont dissemblables. Non qu’elle soit paumée ou marginale, simplement elle peine à se couler dans le moule de notre société (de consommation) malgré une bonne volonté pathétique et désopilante. Décalée et rêveuse, elle sautille d’une case à l’autre sur la marelle de sa vie de trentenaire, retombe de guingois, se relève chancelante mais fanfaronne pour aborder un nouveau désastre...
Elle - Raphaële Vidaling ? Disons plutôt une transposition d’elle-même, comme elle adore "transposer une promenade en confiture" - vit avec son colocataire, l’"hqmn" (l’homme qui me nourrit) dont, flegmatique et placide, elle teste les improbables créations gastronomiques. (Bon appétit au passage !)
Exit l’"hqmn". Pour meubler son désarroi et son désœuvrement, la voici membre d’un panel de consommateurs où l’impression lui vient de rejouer les séances de torture de l’école : "être plus vive, plus précise, plus attentive que les autres mais pas dans le ton."
De liste en "insomnuit", de coup de téléphone en recette de cuisine, de lecture du dictionnaire en visite du plombier, elle hésite sur les cases instables et précaires du jeu du je, jusqu’à se brûler le bout des ailes à ne pas vouloir frôler de trop près l’"haqjj" (l’homme avec qui je joue), séducteur et homme à femmes. Exit lui aussi.
Remède : écrire. Farfadet en apesanteur, pudique et désorientée, elle joue à cache-cache avec ses sentiments, aligne ses (jeux de) mots comme des bulles de savon dans un kaléidoscope d’autodérision. Ajoutez à ses pirouettes verbales ce petit zeste impalpable qui suscite l’émotion et vous aurez compris que, sur ce récit malicieux et attendrissant, planent les ombres bienveillantes du grand Georges Perec et de ses comparses de l’Oulipo.
Il fallait un sacré culot pour s’offrir ce genre d’anges tutélaires. Pari gagné pour Raphaële Vidaling qui, avec ce premier roman, entre par la grande porte dans le cénacle de la République des Lettres... en sautant à l’élastique.
Raphaële Vidaling, Plusieurs fois par moi, Grasset, 2002, 283 pages, 17 €