Le 6 juin 2021
Si le propos est attachant et sincère, la réalisation ne convainc pas vraiment, réduisant le film à une juxtaposition de scènes et de personnages dévorés par le spleen.
- Réalisateur : Nine Antico
- Acteurs : Grégoire Colin, Sara Forestier, Anne Steffens, Lætitia Dosch, Pierre Lottin, Andranic Manet, Inas Chanti, Mathieu Lescop
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h28mn
- Date télé : 24 juin 2024 23:38
- Chaîne : TV5 Monde
- Date de sortie : 2 juin 2021
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Résumé : Sophie a vingt-huit ans. Elle aimerait être dessinatrice, mais ce serait tellement plus facile si elle avait fait une école d’art. Elle aimerait aussi trouver l’amour, mais ce serait tellement plus facile s’il vous sautait aux yeux. Elle multiplie les expériences amoureuses et professionnelles. Prendre des coups, beaucoup, en donner, un peu : c’est ça, l’apprentissage. Dans sa tête tourne en boucle Daniel Johnston, qui chante que « l’amour véritable finit bien par vous tomber dessus » ; mais Sophie se demande s’il dit vrai.
Critique : Il y a des films dont la bande-annonce pourrait presque empêcher les spectateurs d’aller s’enfermer dans une salle de cinéma. Car c’est à peu près le problème de Playlist. On n’en conteste naturellement pas l’originalité. Si Sara Forestier habite avec grâce le personnage de Sophie, une jeune femme de vingt-huit ans, parisienne et fauchée, le spectateur se perd doucement dans cette comédie douce-amère, où la déprime l’emporte sur le rire.
La vision de la société de Nine Antico est pour le moins contrariante. L’illustratrice parle en réalité de son propre parcours dans les méandres de la création artistique, où le désir de percer relève du parcours de combattant. Faut-il alors une heure et demie de long-métrage pour illustrer les galères que subissent les artistes, avant d’accéder à la reconnaissance ? Pas vraiment. Bien sûr, c’est un premier film. Bien sûr, il y a une volonté manifeste de divertir le spectateur en l’entraînant dans les émois sentimentaux et professionnels de la jeune héroïne. Mais le propos semble si narcissique, si peu décalé par rapport au vécu de la réalisatrice, qu’il se transforme en un poncif ennuyeux.
- Copyright Atelier de production
En revanche, la bande-son constitue l’aspect le plus intéressant du long-métrage. La musique accompagne les protagonistes dans leur errance psychologique et apporte au récit un soupçon de légèreté. Les personnages presque insignifiants se dotent d’humanité quand les tubes de musique s’invitent dans leurs existences fragiles. Mais cela ne suffit pas à faire un grand film. Il y a beaucoup de maniérisme dans la mise en scène. Finalement, les dialogues ne parleront pas beaucoup à ceux qui ne vivent pas à Paris. Ils ne parviennent pas à éclairer le parti pris de la réalisatrice : cette dernière s’essaye-t-elle à une énième variation de la nouvelle vague ou fait-elle un pas de côté à la réalité ? Les deux comédiennes principales, Sara Forestier et Laetitia Dosch, font le job avec honnêteté et joie. Mais le comique de situation n’est pas suffisant pour provoquer le rire. L’ennui prend toute la place dans cette histoire une nouvelle fois parisienne et déconnectée du quotidien d’un grand nombre de Français.
- Copyright Atelier de production
Le grand mystère du film demeure l’usage du noir et blanc. On comprend qu’il s’agit pour la réalisatrice de mettre en parallèle son talent de dessinatrice avec celui de l’image. Mais le choix esthétique n’apporte rien au récit. Au contraire, le choix produit un effet presque anachronique dans un récit qui se veut léger et décapant. Bref, Playlist n’aura pas tenu toutes ses promesses.
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