Playboy à saisir - La critique

Une comédie romantique sans prétention qui se penche sur un phénomène de société très actuel.

L’argument : A trente-cinq ans, Tripp vit encore chez ses parents, Sue et Al, qui ont décidé de lui faire quitter la maison à tout prix. Pour arriver à leurs fins, ils font appel à une spécialiste de la question, Paula, qui va user de ses charmes pour extirper leur playboy de rejeton de son nid douillet. Mais c’est sans compter l’intervention de Cupidon...

Notre avis : Imaginez-vous un superbe dîner avec un apollon qui vous invite ensuite à finir la nuit dans une jolie demeure. Jusqu’ici tout va bien. Mais "surprise sur prise !", voilà que le papa de votre chevalier servant débarque dans sa chambre alors que vous êtes en pleine action... De quoi vous faire sortir comme une furie du lit d’un vieux garçon de trente-cinq ans qui vit encore chez ses parents. Ce sont sur ces images que démarre Playboy à saisir pour nous plonger, scène après scène, dans le quotidien et les habitudes de Tripp. Un don juan se servant de sa situation pour éviter toute relation durable. Nourri, logé et blanchi, il peut tranquillement se livrer, avec ses semblables, à ses multiples loisirs : beaucoup de sport d’aventure et quelques autres occupations pour lesquelles les adolescents ont une très grande prédilection. Selon la consultante Paula, qui vient casser cette routine, il n’est pas le seul cas connu de ce qu’elle appelle "l’échec du lancement". Un phénomène qui concernerait aujourd’hui de nombreuses familles américaines.
Les alter ego américains de Tanguy seraient de plus en plus nombreux à vivre plus longtemps sous le toit de leurs géniteurs. Et leurs motivations sont des plus variées. Si ce n’est pas le cas de nos héros de cinéma, les difficultés matérielles comptent parmi les plus importantes. Dans nos sociétés occidentales, le chômage frappe de plein fouet les jeunes qui vivent dans des situations trop souvent précaires pour leur permettre de voler de leurs propres ailes. La fronde anti-CPE, que connaît actuellement la France, témoigne d’ailleurs de leur ras-le-bol face à cette paupérisation grimpante. Un sujet très actuel donc qu’a choisi de traiter Tom Dey (Shanghai Kid)dans son troisième opus, sur le ton de la romance. La démarche est originale mais le résultat reste assez convenu.

La complicité, qui aurait pu faire de Matthew McConaughey et Sarah Jessica Parker un couple romantique à souhait, manque à l’appel. La stratégie de séduction de notre charmante consultante est mise en images tableau par tableau au point où, lorsque les héros sont supposés être dépassés par leur amour naissant, le film manque toujours autant de spontanéité. Le pool des meilleurs amis contribue également à renforcer cette impression. Comme si le scénario, justement trop scénarisé, laissait peu de place au naturel, sinon à un certain réalisme. Heureusement que les parents excédés de Tripp, campés par Terry Bradshaw et Kathy Bates, formidable en maman poule, donnent à cette comédie romantique un peu de mordant. Quant au glamour et au charme, c’est d’ailleurs peut-être le plus important, Parker et McConaughey avec en toile de fond la Grande Bleue, se chargent de l’apporter. Contribuant tout de même à faire de Playboy à saisir une bonne comédie romantique. L’étincelle en moins, mais le "punchy" morceau de Ray Charles en prime. “ Hit the road, Jack / And don’t you come back no more, no more, no more, no more...”