Le 6 décembre 2018
Un jeu masochiste pétri de références qui malheureusement tombe un peu à plat en cours de route, malgré quelques fulgurances et une mise en scène viscérale implacable.


- Réalisateur : Nicolas Pesce
- Acteurs : Mia Wasikowska , Christopher Abbott, Laia Costa
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h22mn
- Festival : Paris International Fantastic Film Festival 2018/PIFFF 2018

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Résumé : Reed embrasse sa femme et son jeune fils avant de partir - semble-t-il - en voyage d’affaire. Dans sa valise, il n’a pourtant rangé ni vêtements, ni trousse de toilette, mais un nécessaire pour réussir le crime parfait. Car Reed a tout prévu dans les moindres détails. Il va monter dans une chambre d’hôtel, faire appel aux services d’une call-girl et la tuer à son arrivée, soulageant enfin son irrépressible envie de meurtre. Mais Jackie, la séduisante et mystérieuse prostituée qu’il fait monter dans sa chambre, pourrait bien mettre à mal son plan. Lorsqu’un événement imprévu vient perturber le cours des choses, Reed et Jackie débutent une partie haletante du jeu du chat et de la souris…
Notre avis : Deuxième long-métrage de Nicolas Pesce après The Eye of my mother, sorti en France en VOD, en 2017, Piercing est un film adapté d’un roman de Ryū Murakami.
Reed semble être un banal homme d’affaires se préparant à partir pour son prochain congrès, si ce n’est qu’il commence le film devant le berceau de son bébé, un pic à glace à la main. Soumis sans doute à quelques violentes pulsions qu’il tente de refréner, il quitte son foyer avec l’obsession d’assouvir un cérémonial meurtrier dans un hôtel, tuer une prostituée.
D’emblée le film invoque une tonalité héritée du cinéma de genre des années 70, notamment du giallo - références appuyées par les nombreux morceaux musicaux extraits de bandes originales de quelques sommets du cinéma de genre italien, comme Les Frissons de l’angoisse ou Ténèbres de Dario Argento - ou encore Brian De Palma pour l’usage parfait du split screen. Des plans aériens sur des immeubles, en fait des maquettes pour pouvoir réussir ces amples mouvements et cette image particulière, suggèrent un enfermement dans des cases bien ordonnées, comme cette petite cellule familiale dans laquelle Reed semble comme absent.
Évidemment la rencontre avec la victime à massacrer ne se passe pas comme prévue. Seule dans la salle de bain de l’hôtel où il compte opérer, la jeune femme est surprise en train de s’auto-mutiler. Dès lors, démarre entre eux un jeu de masochisme et de perversion que la femme mène en maîtresse, puisque le personnage masculin semble réticent.
Toute une articulation entre le désir et la souffrance se met alors en place. Si certaines idées se montrent remarquables, d’autres pâtissent d’un manque de lâcher prise qui freine la fascination malsaine. La tension entre Mia Wasikowska et Christopher Abbott, tous deux impeccables, promet des sommets de pellicule charnelle et une tension psychologique palpable, mais l’affrontement demeure très théorique, jusqu’au twist final qui vient réveiller un peu le regard du spectateur.
Bon gré mal gré, on ne peut s’empêcher d’être séduit par une mise en scène impeccable qui épouse les tourments intérieurs de ses personnages, et sème le trouble sur une bonne partie du métrage. L’essai a un goût d’inachevé, mais reste néanmoins prometteur. Dans tous les cas, un bon film de festival. Cela tombe bien : c’est en compétition, au PIFFF, le festival du film fantastique de Paris, que nous avons découvert cette œuvre malveillante, après une première remarquée au Champs Elysées Film Festival, quelques mois auparavant.
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