Le 2 septembre 2017
Un beau mélodrame, typique d’une époque et d’une esthétique.
- Réalisateur : Joshua Logan
- Acteurs : Kim Novak, William Holden, Betty Field, Susan Strasberg, Cliff Robertson, Rosalind Russell
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h55mn
- Box-office : 1 867 054 entrées (France)
- Date de sortie : 2 mai 1956
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– Sortie DVD et Blu-ray : le 23 août 2017
Résumé : Un homme tombe amoureux, au cours d’un pique-nique, de la fiancée de son meilleur ami.
Notre avis : Le film commence par l’arrivée du héros, Hal, qu’interprète avec assez de nuances William Holden, dans une petite ville américaine. Dès l’abord, avec l’ironie d’un cheminot et la pauvreté manifeste du personnage, on sent que rien ne se passera comme prévu. Hal se retrouve en contact avec des gens adorables, comme la vieille dame qui le nourrit, mais autour d’elle ce ne sont rapidement qu’étalages de frustrations : la mère qui a raté sa vie, la professeure célibataire, etc. Voilà pour le quartier modeste ; Hal rejoint ensuite un ami, côté riche. L’excès des retrouvailles nous met encore la puce à l’oreille.
- PICNIC © 1955, RENOUVELÉ 1983 COLUMBIA PICTURES INDUSTRIES, INC. Tous droits réservés.
À partir des premières minutes, Hal est vu comme un corps énergique et désiré, ce que la suite accentuera encore, dans un monde où les dialogues sonnent creux ou s’avèrent trop explicites. C’est également une société d’apparences, dans laquelle une robe peut prendre une importance démesurée, et les femmes comme il faut soignent parfois de manière dérisoire vêtements et maquillage. Derrière la façade aimable qui ne cesse de se fissurer, les failles percent très vite, comme si tout était déjà faux, un peu excessif, décalé. Logan excelle d’ailleurs dans cette présentation plus fine qu’il n’y paraît. Il y démonte consciencieusement le rêve américain et ses impostures (la réussite et ses corollaires avidité et jalousie, la religion, les voitures), en multipliant des personnages qui en incarnent des facettes. Le fait que le film soit l’adaptation d’une pièce de théâtre explique autant cette vision acérée que l’abondance et l’importance des dialogues, un peu trop écrits par moments.
- PICNIC © 1955, RENOUVELÉ 1983 COLUMBIA PICTURES INDUSTRIES, INC. Tous droits réservés.
Le pique-nique du titre est présenté comme une grande fête rituelle (voir l’arrivée de la reine), dont on imagine qu’elle participe à souder les habitants. Mais là encore, par des détails d’abord, Logan mine ce bel ensemble : ce sera une mère tenant en laisse ses deux fils qui vont dans des directions opposées, ou des gros plans de visages caricaturaux ou de personnes qui s’ennuient, auxquels il faut ajouter les jeux défouloirs ridicules. Mais c’est aussi le moment où les personnages se dévoilent, entre faiblesses et mélancolie. En une belle progression, le film s’assombrit avec la nuit, et la danse lumineuse du couple vedette suscitant admiration et inquiétude, va très vite précipiter les règlements de comptes, ce que souligne sans finesse une musique excessive. C’est le nœud de l’action, à partir duquel tout se noue avec une logique imparable.
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- PICNIC © 1955, RENOUVELÉ 1983 COLUMBIA PICTURES INDUSTRIES, INC. Tous droits réservés.
Logan sait bien utiliser les codes du mélodrame, entre scènes paroxystiques, images opulentes, couleurs vives et cinémascope triomphal, pour suivre des personnages de plus en plus transparents et décevants, voire pathétiques (la professeure n’est pas épargnée…). Il sait également donner de l’ampleur à son film, et faire d’une petite histoire provinciale une tragédie profonde, qui a rapport au destin, à l’impossibilité de vivre, au prix cependant d’un certain hiératisme. Si tout n’est pas du meilleur goût et certaines séquences s’étirent un peu, noyées qu’elles sont par des dialogues surabondants, les morceaux de bravoure et l’ambition du métrage (sans doute le meilleur de son auteur) font parfois penser au Minnelli de Celui par lequel le scandale arrive par exemple, et jusque dans les excès ; Picnic apparaît alors comme un représentant parfait de la grande forme hollywoodienne, soigné dans tous les détails, minutieusement construit, et fascinant malgré ce qu’il comporte d’un peu guindé.
les suppléments :
L’entretien avec Marguerite Chabrol (26mn), qui analyse la pièce d’origine, le film et son contexte, est un modèle d’érudition stimulante. À quoi s’ajoute la bande-annonce.
L’image :
La restauration, tout en gommant les parasites, a laissé un « grain cinéma » discret ; les couleurs sont pimpantes, la définition précise : le moindre détail de cette image charnue apparaît nettement ; de la belle ouvrage.
Le son :
Là encore, la VO 5.1 est un miracle d’équilibre, restituant les nuances des dialogues et la puissance de la musique avec la même finesse. La VF est en-deçà.
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