Sueurs froides
Le 9 avril 2011
Richard Lester réalise un drame pop et chloroformé, entre flower power et pessimisme absolu.
- Réalisateur : Richard Lester
- Acteurs : Julie Christie, George C. Scott, Richard Chamberlain
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 10 juin 1968
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– Durée : 1h45mn
Richard Lester réalise un drame pop et chloroformé, entre flower power et pessimisme absolu.
L’argument : Physicien à San Francisco, Archie Bolen est en instance de divorce. Lors d’un gala de charité, il rencontre Petulia Danner, jeune et charmante jeune femme qui lui annonce qu’elle désire l’épouser.
Notre avis : Petulia est un objet étrange. On baigne ici dans une atmosphère cotonneuse et irréelle, qui berce pour mieux surprendre. Tout parait d’abord très chic, très sophistiqué, mais c’est rapidement le malaise qui s’installe. Cela tient avant tout à son personnage principal - Julie Christie, adorable comme toujours-, sorte de fantôme se promenant parmi les vivants et se heurtant au réel. Car ici, rien ni personne n’est jamais tout à fait heureux. Les rapports se créent et se renforcent au gré d’accidents, dans des hôpitaux, ou à travers la maladie : le malheur comme vecteur social.
Mais le plus effrayant reste cet art de la dissimulation, chacun s’attachant à soigneusement cacher son mal-être sous un vernis de conventions. Et puisque le seul moyen de découvrir la noirceur de l’autre est l’intimité, cette dernière devient elle-même terrifiante...
Au-delà de son personnage éponyme, Petulia est aussi le film d’une ville, San Francisco. Bien qu’on se promène plus ici sur les hauteurs bourgeoises de Pacific Heights que du côté de Haight-Ashbury et ses hippies, une certaine forme de psychédélisme imprègne chaque plan. Car en faisant le choix d’être aussi peu explicite que possible, Richard Lester fait de son œuvre une expérience surréaliste et sensorielle, où étranges voix off et flash-back cauchemardesques font loi. La chronologie distordue renforce encore un peu plus ce sentiment d’instabilité, et chaque scène ne se construit plus dans la linéarité de celles qui précèdent et suivent, mais en parallèle de celles-ci, comme si le film ne formait qu’un bloc unique où passé, présent et futur sont indistincts.
Au final, Petulia est à la fois bien de son temps et mal dans son époque, c’est un Summer of love côté face dont les explosions de blanc, de jaune, de bleu, masquent mal les véritables couleurs dominantes : le rouge du sang et le noir de la mort.
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