Le 24 février 2023
Légèreté et humour colorent cette histoire grave qui entrecroise mort et création, liens de sang et sacrifice familial.
- Réalisateurs : Stéphanie Chuat - Véronique Reymond
- Acteurs : Jens Albinus, Marthe Keller, Nina Hoss, Lars Eidinger, Thomas Ostermeier
- Genre : Drame
- Nationalité : Suisse
- Distributeur : Arizona Distribution
- Durée : 1h39mn
- Date télé : 24 février 2023 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Schwesterlein
- Date de sortie : 6 octobre 2021
- Festival : Festival de Berlin 2020
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Résumé : Lisa est une dramaturge allemande qui a abandonné ses ambitions artistiques pour suivre son mari en Suisse et se consacrer à sa famille. Lorsque son frère jumeau Sven, célèbre acteur de théâtre berlinois, tombe malade, Lisa remue ciel et terre pour le faire remonter sur scène. Cette intense relation fraternelle renvoie Lisa à ses aspirations profondes et ravive en elle son désir de créer, de se sentir vivante.
Critique : A deux, tout est mieux, semble être le credo de ces deux réalisatrices suisses. Amies depuis leur plus jeune âge, unanimement éprises de théâtre et de création, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond n’envisagent pas de travailler l’une sans l’autre. Elles réalisent des court-métrages, des documentaires et des séries pour la télévision. La petite chambre, leur premier long-métrage tourné en 2010, démontre à travers le brillant face-à face-Michel Bouquet/Florence Loiret-Caille leur capacité à s’emparer avec finesse d’une situation dramatique. Fidèles à leur thème favoris, (l’entraide entres les êtres, la précarité de la vie, la force de la création), elles renouvellent l’expérience du duo fédérateur et dressent le portrait touchant d’une famille déchirée par la maladie de l’un de ses membres.
- Copyright Jonas Friedrich - Vega Films
Dans un hôpital, Lisa donne son sang. Au cours du récit, on apprend qu’il y a quelques temps, elle a aussi fait un don de moelle osseuse. Une manière forte pour les deux réalisatrices de prouver la force des liens du sang qui unit Lisa, à Sven, son frère jumeau et acteur réputé du paysage berlinois, atteint d’une leucémie. Quelques images plus tard, leur mère fait irruption dans cette histoire d’amour et de mort, une femme fantasque et égocentrique, submergée par un trop plein d’émotions, que Marthe Keller module de vibrantes tonalités dans ce rôle à contre-emploi qui donne le ton. Quelles que soient les circonstances, le flux de la vie l’emporte. Le personnage de Marthe Keller tout autant que les relations généreuses de Sven avec ses neveux participent à ce souffle inexorable. Les non-dits et les amours pudiques se révèlent peu à peu pour immerger le spectateur au beau milieu de cette famille dysfonctionnelle à laquelle il est aisé de s’attacher.
- Copyright Jonas Friedrich - Vega Films
Expatriée en Suisse pour suivre un mari ambitieux, directeur d’une très chic école internationale comme seul le pays helvète sait en offrir, et peu attentif aux états d’âme des autres, particulièrement à ceux de sa femme, Lisa n’hésite par à retourner en Allemagne pour apporter un soutien indéfectible à ce frère tant aimé, aujourd’hui dans la tourmente. En effet, Sven ne vit que pour son art. Or, le metteur en scène de la pièce qu’il doit jouer prochainement juge son état de santé incompatible avec le rôle. Plaidant pour la survie mentale de son frère, Lisa tente de lui prouver le contraire. Un combat à double effet, puisqu’en se battant pour Sven, elle retrouve ce goût de l’écriture, trop longtemps mis entre parenthèse pour diverses raisons.
Reprenant cette phrase de Michel Bouquet qui sur le tournage de La petite chambre notait qu’un acteur n’est vivant que s’il joue, la création artistique s’affirme ici comme le moteur principal de l’existence compromise de Sven tout autant que le révélateur de l’égarement de Lisa dans un confort matériel prestigieux mais intellectuellement stérile.
- Copyright Jonas Friedrich - Vega Films
Oscillant sans cesse entre réalité et imaginaire, les deux cinéastes nous offrent un fabuleux moment d’authenticité à travers cette scène où Sven, merveilleux d’élégance et de dignité, assiste aux répétitions de sa doublure à la Schaubühne de Berlin, là où Lars Eidinger qui l’incarne a joué plusieurs fois dans une mise en scène de Thomas Ostermeier, lui aussi dans son propre rôle.
Grâce au talent d’un couple d’acteurs impeccables (Lars Eidinger et Nina Hoss) dont la complicité ne fait aucun doute, et à une écriture subtile et poétique au point d’emmener le récit aux frontières du conte, habile subterfuge pour éviter tout débordement lacrymal, Petite sœur ressemble bien à un fervent hommage aux multiples bienfaits de l’expression culturelle sous toutes ses formes.
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