Peau de vache
Le 12 mars 2003
Parfait traité d’incivilité. Le roman du salaud fini, né pour pourrir l’existence de ses congénères.
- Auteur : Frédéric Klein
- Editeur : Phébus
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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Perpoly se lit d’une traite, comme un parfait traité d’incivilité.
Notre époque engendre des individus détestables et, au fond, elle n’a que ce qu’elle mérite. Perpoly est un parfait petit traité d’incivilité. Découpés en chapitres très courts comme autant de petites anecdotes, ce roman met en scène le personnage de Perpoly (père poli ?... l’une des rares qualités que l’on ne peut pas lui retirer !), célibataire grincheux, hargneux, machiste, misanthrope, excessivement mauvais. Ses pairs lui sortent par les yeux. Alors, son seul credo est de leur pourrir la vie, généralement avec succès. Perpoly a le don de se faire une tonne d’ennemis en un laps de temps supersonique.
Il est né pour emmerder les autres et ne supporte que Joystick, son assistant. Taillé comme un déménageur, Joystick se charge d’intimider les éventuels rebelles qui voudraient en découdre avec Perpoly. Car si quelqu’un ouvre la fenêtre d’un train pour évacuer la fumée du cigare allumé par Perpoly, l’engueulade ne tarde pas à suivre. Un coup de froid est si vite arrivé ! Evidemment, il se pointe toujours en retard au théâtre, oblige une rangée de spectateurs à se lever puis, sitôt assis, s’empresse de se goinfrer de bonbons afin d’en froisser les papiers avec bonheur.
Quel destin pour un tel personnage ? Quel métier ?... L’enseignement bien sûr... Peu d’heures de travail, notation de ses copies avec trois dés (entre trois et dix-huit, histoire d’appliquer concrètement le principe de l’égalité des chances), entretiens en privé avec les élèves les moins dociles. Enfin un boulot dans lequel son sadisme peut s’exercer en toute impunité, encouragé même, au vu des bons résultats obtenus. Et quel tableau vachard de l’Education Nationale, affligeant et drôle, révélateur des faiblesses et de l’absurdité de la monumentale institution !
L’imagination débordante de Perpoly pour pourrir la vie de ses pairs est sans bornes. On l’aura compris, ce petit récit a tout du guide du parfait emmerdeur. Le pire est que ce Perpoly n’a pas de motivations particulières. Le seul plaisir de voir souffrir les autres lui suffit et on rit des saloperies et autres petites misères qu’il inflige à ses semblables. En total décalage avec le politiquement correct ambiant, Perpoly reflète l’imagination aussi débordante que tordue de Frédéric Klein. Et, si un tel personnage existe, la seule chose à souhaiter est de ne pas croiser sa route. A coup sûr pourtant, cela s’est déjà produit. Mais oui, rappelez-vous... La voiture garée en double file dont le type ouvre la portière pour que vous la preniez dans le nez... C’était lui. A moins qu’il ne s’agisse de la berline roulant au pas sur la file de gauche de l’autoroute... C’était lui aussi. Au fond, chacun de nous a en lui un petit Perpoly qui sommeille. Le tout est de ne pas le réveiller. Ou pas trop souvent...
Frédéric Klein, Perpoly : petit jeu de massacre, Phébus, 2003, 172 pages, 14,50 €
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