Le 18 janvier 2018
Clairement affichée comme un retour aux sources, Peaky Blinders renoue avec la simplicité de la saison 1, mais avec bien moins de réussite.
- Acteurs : Cillian Murphy , Tom Hardy, Adrien Brody, Helen McCrory, Paul Anderson
- Genre : Drame, Thriller, Historique
- Nationalité : Britannique
- Date de sortie : 15 novembre 2017
L'a vu
Veut la voir
Résumé : En 1919, à Birmingham, soldats, révolutionnaires politiques et criminels combattent pour se faire une place dans le paysage industriel de l’après-Guerre. Le Parlement s’attend à une violente révolte, et Winston Churchill mobilise des forces spéciales pour contenir les menaces. La famille Shelby compte parmi les membres les plus redoutables. Surnommés les "Peaky Blinders" par rapport à leur utilisation de lames de rasoir cachées dans leurs casquettes, ils tirent principalement leur argent de paris et de vol. Tommy Shelby, le plus dangereux de tous, va devoir faire face à l’arrivée de Campbell, un impitoyable chef de la police qui a pour mission de nettoyer la ville. Ne doit-il pas se méfier tout autant la ravissante Grace Burgess ? Fraîchement installée dans le voisinage, celle-ci semble cacher un mystérieux passé et un dangereux secret.
Notre avis : Sûrement consciente de la perte progressive de son identité première, Peaky Blinders propose un retour aux sources bien explicite pour cette famille de truands embourgeoisés. Pour cette saison 4, et parce qu’il faut toujours se renouveler pour maintenir l’intérêt du spectateur, Steven Knight prend ses personnages désormais bien changés pour les contraindre à revenir vers leur terrain de jeu initial, le Small Heath des débuts. Voilà la volonté principale de ces 6 nouveaux épisodes, reste maintenant à la matérialiser par une intrigue. Et déjà, c’est ici que Peaky Blinders se ramasse dans la boue. Soit trop courte, soit trop longue, cette saison focalisée sur une vendetta italienne à l’encontre des Shelby parvient assez extraordinairement à laisser cette impression que 6 épisodes pour raconter une vengeance, c’est excessif, mais que ça ne lui permet pas non plus de développer quoi que ce soit de bien intéressant à côté. Peaky Blinders affiche de plus en plus une recette éculée, qui ne fera plus d’étincelles très longtemps si elle s’évertue à se complaire dans un style bidon qui se caricature lui-même.
- Copyright : BBC
Plus que jamais, la randomisation du cool agace, avec des plans aux ralentis pompeux casés au pif et des personnages plus prétentieux que réellement classe (prenez quasiment n’importe quel personnage féminin de cette saison pour illustrer cela, la série ne sait de toutes évidences pas les écrire). Malgré un début tonitruant par un premier épisode judicieusement posé, Peaky Blinders déroule sans vraiment d’éclat ce combat entre la mafia et les Shelby, totalement désamorcé dans sa puissance par une gestion rythmique irrégulière retirant majoritairement la tension de ce jeu du chat et de la souris. Bien que réalisées efficacement, les scènes d’actions pâtissent de cette maîtrise approximative en sabordant le suspense, l’attente de la violence au profit de la précipitation, comme cette séquence d’ouverture de l’épisode 5 complètement décontextualisée et grotesque dans son idéalisation classieuse du gangster. Tout semble bon pour produire du cool, et le retour dans le Birmingham crasseux n’est qu’un leurre tant l’ambiance des deux premières saisons ne se retrouve presque jamais dans cette quatrième.
- Copyright : BBC
La promesse de cette saison ne reste qu’une promesse sur bien des aspects et la série ne tient pas toujours parole, alors qu’elle axe explicitement son récit sur l’importance que ce retour signifie pour ses personnages, et la manière dont l’environnement industriel de Birmingham impacte leur vie. Pour Tommy, peu de changements, tant Steven Knight semble déterminé à ne pas ébranler son statut de gros bonhomme réfléchi et glacial, mais pour Arthur le showrunner décide de ne pas faire dans la demi-mesure (gros sabot dans la tronche du spectateur) pour lui faire comprendre son mal-être. La subtilité n’a jamais constitué un point majeur du traitement de ce personnage, mais lui faire sniffer autant de blanche pour traduire son malaise atteint rapidement ses limites en terme d’écriture, tout comme le montrer vénère à chacune de ses apparitions ne le rend que plus antipathique. A vouloir faire de cette nouvelle saison la plus directe et frontale, Peaky Blinders tombe dans la surenchère d’à peu près tout, que ce soit dans les personnages sans aucune nuance ou l’ambiance désormais bien fade d’un show pourtant réputé pour son atmosphère ténébreuse.
- Copyright : BBC
Symptomatique de cette déchéance, Adrien Brody offre avec son Luca Changretta l’une des pires interprétations de mafieux italiens imaginables. Le célèbre acteur de films W9 donne corps et âme à ce rôle de composition dans une relecture personnelle de Don Corleone, armé d’un cure-dent entre les dents pour crédibiliser son personnage. Adrien Brody est italien et dangereux, et il tient à nous le faire un peu trop savoir avec son accent à peine forcé et sa force physique telle qu’il peut vider son chargeur de Thompson d’une seule main en visant parfaitement le contour du corps de Tommy (faudrait pas le buter non plus, c’est le personnage principal). Heureusement on peut compter sur de talentueux cabotins (car il ne s’agit que de ça, et pour Brody c’est nanardesque) pour contraster avec cette piètre prestation. Le plaisir de retrouver Tom Hardy dans son rôle à punchlines de Alfie Solomons s’ajoute à celui de profiter d’une intrigue secondaire centrée sur un jeune boxeur bien liée à la principale et surtout assez rafraîchissante (où pour le coup l’aspect cool a vraiment sa place). La rencontre entre Tom Hardy, Cillian Murphy et Aiden Gillen se hisse comme l’une des scènes les plus succulentes de cette saison, et rappelle celles de la saison 2 entre Alfie et Tommy par la grande qualité des acteurs et le plaisir qui transparaît de jouer de tels instants jouissifs.
- Copyright : BBC
Pourtant on sent Steven Knight bien décidé à ériger cette saison comme la plus tragique, mais si l’on excepte un final complet et parfois très puissant (la dernière rencontre entre Thomas et Solomons), ces luttes familiales (qu’elles soient inter-familiales ou intrafamiliales) ne profitent pas de cette intrigue aux aboutissants simples pour développer une tension dramatique sur le long terme. Après la mort majeure de la saison 3, Peaky Blinders confirme son incapacité à profiter du sacrifice d’un personnage pour explorer les retombées psychologiques sur les autres protagonistes. La peine ne se ressent pas, la colère s’avère factice, si bien que peu de choses arrivent à atteindre le spectateur, car ces mêmes choses ne semblent pas bousculer outre mesure cette famille. Là où la série excelle vraiment réside dans le traitement des troubles et traumatismes personnels de Thomas, sauf qu’ils n’occupent qu’une infime partie de cette saison (quelques minutes dans le final tout particulièrement). Cette saison 4 s’apparente à une coquille quasiment vidée de toute substance, trop factuelle pour impliquer, et surtout trop caricaturale pour ne pas user jusqu’à la corde une atmosphère désormais sans éclats.
- Copyright : BBC
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.