Îles au trésor
Le 3 juin 2020
Malgré un pitch de départ plutôt basique de série ado, Outer Banks, au fil des épisodes, s’écarte du teen drama classique, et se gloutonne avec un plaisir coupable, grâce à une épuisante cascade de rebondissements jusqu’au cliffhanger final. À suivre !
- Réalisateurs : Jonas Pate - Cherie Nowlan - Valerie Weiss
- Acteurs : Chase Stokes, Madelyn Cline, Rudy Pankow, Madison Bailey, Jonathan Daviss, Charles Esten
- Nationalité : Américain
- : Netflix
- Durée : 10 épisodes de 47 à 57 minutes
- VOD : NETFLIX
- Scénariste : Josh Pate
- Genre : Action , Aventure, Thriller
- Titre original : Outer Banks
- Âge : Interdit aux moins de 13 ans
- Date de sortie : 15 avril 2020
- Plus d'informations : Outer Banks
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Résumé : Sur une île où les inégalités sont accentuées, John B recrute ses trois meilleurs amis pour partir à la recherche d’un trésor légendaire lié à la disparition de son père
Critique : Comme dit une formule un peu triviale, « il n’y a pas de mal à se faire du bien ». Surtout devant de belles images d’été, sur ce très agréable chapelet d’îles au large de la Caroline du Nord, aux États-Unis.
Ces îles, appelées Outer Banks, lieu de villégiature de familles fortunées, rendez-vous de surfeurs, plongeurs ou golfeurs, furent les points d’arrivée des Anglais lors de leur conquête de l’Amérique du Nord. Elles sont aussi le berceau de légendes et histoires de pirates et bateaux échoués. Comme ce « Royal Merchant » qui y aurait sombré avec une cargaison d’or. Mais mystère et boule de gomme sur l’emplacement de l’épave. Une recherche que menait d’ailleurs depuis des années, un pêcheur du coin avant sa mystérieuse disparition en mer, laissant un fils orphelin âgé de 16 ans.
Voilà ainsi le point de départ de Outer Banks, une série plutôt sympathique. John Booker Routledge, dit John B, le fiston, est en roue libre depuis des mois dans la maisonnette familiale près des marais. Il fait le deuil de son père comme il peut, en séchant le lycée, en bricolant à droite et à gauche, avec ses trois copains, deux garçons et une fille, un gang ultra-soudé : Pope, JJ et Kiara. Tous les quatre, les « Pogue », vivent du mauvais côté de l’île, celui des quartiers populaires où résident pêcheurs, mécaniciens de bateaux, artisans et petits restaurants. L’autre versant de l’île qui abrite les « Kooks », est celui des villas somptueuses sur mer avec pontons où sont amarrés des yachts, sans oublier club houses et golfs. John B est d’ailleurs employé sur le yacht de la famille Cameron ayant fait fortune dans l’immobilier. Ce clivage social est très bien exposé en ouverture par la voix off de John B qui ponctue d’ailleurs, une partie des épisodes.
Mon œil ? Oh rien, la porte du frigo… »
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Par un concours de circonstances dont nous ne dirons rien, John B va reprendre les recherches de son père sur le Royal Merchant. Sa cargaison serait en fait estimée à quatre cent millions de dollars. Une broutille. Et c’est parti pour notre club des quatre qui va s’embarquer dans la chasse aux indices avec des rebondissements. Le groupe va surtout croiser d’autres personnes à la poursuite du pactole, mais nettement moins gentils que nos ados. Des ados qui vont être dépassés par l’ampleur des enjeux et grandir très vite.
C’est d’ailleurs un des problèmes de la série, tout du moins au départ : le casting. Les acteurs incarnant des ados censés avoir 16 ou 17 ans ont tous 21 ans. Et carrément 27 pour Chase Stokes dans la peau de John B. Et au début, voir ces sacrés gaillards avec des petits sacs à dos de lycéens est assez déroutant. En fait, la pilule passe vite quand on découvre le mépris mutuel entre les deux communautés de l’île. Chez les Pogue, c’est le royaume de la démerde, des combines, petits jobs et aussi du deal. Si Kiara semble avoir une vie normale en aidant au restaurant de son père, et en ayant quelques copines chez les Kooks, en revanche c’est plus rude pour les trois garçons. John B vit donc seul dans une maison proche du dépotoir, et les services sociaux s’apprêtent à le placer en famille d’accueil. Pope, lui, travaille au port avec son père, mais n’aspire qu’à décrocher une bourse pour des études de médecine. Mais le pire, est le cas de JJ. Il vit seul avec un père alcoolique qui, quand il n’est pas défoncé sur le canapé au milieu d’un séjour en capharnaüm, le méprise et le frappe. Partant, la psychologie de notre quatre aventuriers est bien plus torturée, entre les vestiges d’une naïveté d’adolescence supposée par leur état civil, et une maturité résultant des valises qu’ils trimbalent, ajoutée à une violence refoulée qui ne tardera pas à exploser.
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Outer Banks est une vraie fausse série ado. Le ton est donné par sa réalisation quasi « cinématographique » et une production qui ne lésine pas sur les moyens avec un nombre impressionnant de décors (cabanes, villas, magasins, garages, dépôts, etc.) et d’extérieurs dans plusieurs quartiers de l’île, plages, forêts, quais, marais immenses et en pleine mer avec diverses embarcations. Comme cette spectaculaire poursuite entre un yacht et un scooter filmée en généreux plans aériens (merci les drones !). Ensuite, si les premiers épisodes sont en mode usuel de teen drama, le récit se complique avec une succession de twists et révélations sur le monde des Kooks qui est loin d’être parfait. Si bien que les couches narratives s’empilent joyeusement, entre les découvertes successives sur cette épave et son or, et d’autres intrigues impliquant des jeunes tout aussi torturés du côté des Kooks. Un mille-feuille qui nous hypnotise. Et tant pis pour quelques maladresses ou ellipses rendant certaines situations trop faciles ou confuses. Toutes ces couches se retrouvent dans le mixeur final, pour être montées en une mayonnaise épuisante sur les derniers épisodes. Avec risque de binge watching quasi garanti. On vous spoilera simplement que Outer Banks s’achève sur un cliffhanger plutôt malin et salement énervant.
Du coup nous avons mené l’enquête : selon de récentes déclarations des créateurs, Outer Banks serait en principe prévue en quatre parties et, que confinement oblige, la saison 2 est déjà écrite et qu’il n’y a plus qu’à tourner. Espérons que les productions cinématographiques et télévisées vont vite redémarrer, surtout que le final de cette première partie induit, a priori, une intrigue nettement plus tordue et probablement plus lourde en termes de décors et lieux de tournages…
- Grave, mec ! »
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