L’homme au chéquier d’or
Le 31 janvier 2015
Un ersatz de James Bond kitschissime et emblématique d’un certain cinéma italien fait avec des bouts de ficelles et du système D, pour les amateurs de cinéma bis et de maquettes qui explosent.
- Réalisateur : Antonio Margheriti
- Acteurs : Anthony Eisley, Wandisa Guida, Folco Lulli, Diana Lorys, José Maria Caffarel
- Genre : Espionnage
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Artus films
L'a vu
Veut le voir
– Sortie DVD : le 03 février 2015
Un ersatz de James Bond kitschissime et emblématique d’un certain cinéma italien fait avec des bouts de ficelles et du système D, pour les amateurs de cinéma bis et de maquettes qui explosent.
L’argument : Dans sa ville sous-marine, un milliardaire vieillissant rêve de conquérir le monde. Grâce à ses moyens de haute technologie, il détruit des fusées lunaires basées à Cap Kennedy avec ses canons laser. Pour lutter contre ce mégalomane, les gouvernements lancent à sa poursuite deux agents secrets, le lieutenant Harry Sennett (Anthony Eisley) et le capitaine Patricia Flanagan (Diana Lorys).
Le film : Suite à l’immense succès des premiers James Bond période Sean Connery, les pays européens se sont empressés de copier le modèle anglais jusqu’à plus soif, notamment l’Italie, alors spécialiste du recyclage des genres cinématographiques à succès, dont les films d’espionnage. L’ "Eurospy" était né. Destinations de rêve sur fond de transparents ou dans des décors réels selon le budget, bases secrètes en carton, gadgets à gogo, espions séducteurs au sourire Colgate qui emballent de jolies blondes-brunes (selon les goûts) à tour de bras, et stock-shot en série, tel est le lot commun de tous ces films qui possèdent le charme typique, et les clichés qui vont avec, des années 60. Si de grands réalisateurs se sont essayés au genre à l’occasion, dont Claude Chabrol, Mario Bava, Yves Boisset, André Hunebelle et la série des OSS 117, ou encore les mêmes réalisateurs qui ont œuvré pour la série James Bond, l’Eurospy a fait le bonheur de bon nombre d’artisans du cinéma, que ce soit Umberto Lenzi, Jesús Franco ou encore Antonio Margheriti (prononcer : Margheriiiiitiiiiiii), également connu sous le pseudonyme américanisé et plus vendeur d’Antony M. Dawnson. Stakhanoviste du cinéma bis ayant œuvré dans à peu près tous les genres, Margheriti se lance donc dans l’aventure Eurospy après une série de films de science-fiction à succès. Après avoir tourné A 077 défie les tueurs, le réalisateur enchaîne sur Opération Goldman, film jusqu’à présent inédit dans notre pays. Débutant comme un film d’espionnage classique avec la disparition d’un savant et l’explosion d’une maquette de bateau accompagnée d’une élégante musique jazzy de Riz Ortolani, Opération Goldman dérive progressivement vers le produit bis fun et décomplexé qui tente de faire ce qu’il peut avec les moyens du bord. Visiblement amusé par toute cette débrouillardise, l’acteur américain Anthony Eisley se prête donc au jeu et campe un espion séducteur, roublard et sûr de lui, aux prises avec une organisation maléfique qui a pour objectif de s’installer sur la Lune pour mieux détruire la Terre. Accompagné de son supérieur hiérarchique féminin expert en karaté qui lui sert plus de faire-valoir qu’autre chose (autres temps...), et incarné par Diana Lorys, l’espion Harry Sennett, contrairement à ses comparses, ne sert pas d’armes, mais d’un chéquier au crédit illimité, probablement financé par le contribuable, qui lui permet de payer ses ennemis et de s’offrir de petits extras : un million de dollars pour un hydravion, pas de problème ! Avec un sens du rythme certain, Margheriti emballe son film avec efficacité, malgré l’aspect fauché et bisseux de cette production, dont certaines scènes défiant toute logique on de quoi faire sourire. Prenons un exemple : pour éviter que le grand méchant ne détruise une fusée de la NASA, notre héros décide de la détruire avant le décollage (!) en fonçant dessus au volant de sa Jaguar rouge (!?!). Le héros s’en sort évidemment sans une égratignure : fous rires garantis. Mais c’est sans compter sur l’apparition complètement ratée du grand méchant diabolique, joué par Folco Lulli, une sorte de croisement improbable entre un Bavarois vendeur de bières et Oddjob. Protégé dans son grand bureau maléfique par des sbires affublés du costume de Diabolik et par deux grands mandibules électriques dont leur fonctionnement nous échappe encore, ce grand méchant difficilement oubliable se sert également de ses fourgons publicitaires-lanceurs de missiles pour détruire les fusées de la NASA, discrétion garantie. Best of des clichés des films d’espionnage des années 60, Opération Goldman demeure malgré tout un sympathique plaisir coupable, pour son aspect fauché drolatique, son méchant mémorable, mais peu crédible, qui congèle ses savants et les décongèle "au besoin", ses maquettes luxueuses, ses décors variés et sa musique rythmée, sans oublier deux ou trois scènes "over the top" qui ne manqueront pas de surprendre le spectateur.
Le test DVD :
Une très belle édition accompagnée d’un digipack luxueux.
Les suppléments :
Outre une bande-annonce et une galerie photo, Artus nous propose un sympathique module de 23 minutes intitulé Rayons mortels à Cap Kennedy par Alain Petit, dans lequel le spécialiste du cinéma de genre évoque tout à tour le sous-genre de l’Eurospy, les filmographies des différents acteurs et actrices du film et le travail de Margheriti sur Opération Goldman. Le DVD est en outre accompagné d’un digipack du plus bel effet reproduisant à l’intérieur des affiches d’origine.
Une image de qualité au bon format scope 2.35 pour un film rare et inédit dans notre pays, qui met bien en valeur les couleurs vives et très 60’s de la photographie, malgré un grain souvent présent et des stock-shot qui ont subi les affres du temps.
Deux pistes sonores italienne et française proposées en Dolby Digital 2.0 stables, avec un souffle un peu plus prononcé pour la VF, bien "vintage".
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.