Le 4 septembre 2021
Un documentaire poignant et incarné. Le film montre, avec précaution et humilité, le parcours de jeunes hommes palestiniens qui, en plus de pratiquer le parkour, se rêvent dans un avenir plus prometteur.
- Réalisateur : Emanuele Gerosa
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Italien, Suisse, Libanais
- Distributeur : Wayna Pitch
- Durée : 1h23mn
- Titre original :
- Date de sortie : 8 septembre 2021
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Résumé : Abdallah, athlète professionnel, a réussi à s’échapper de Gaza. Son ami Jehad, lui, y vit toujours. Il y entraîne de jeunes athlètes pour qui le sport reste le seul espace teinté d’espoir au milieu du conflit. Faut-il partir pour accomplir ses rêves ou rester pour se battre pour son pays ? La question forme le fil rouge de ce récit bouleversant sur le dépassement personnel.
Critique : Ils sont une bande de garçons. Ils avancent dans la poussière, au milieu de la ville de Gaza, étouffée par la pauvreté et les bombardements. Ils jouent au milieu des ruines à réécrire la guerre qu’ils connaissent depuis toujours, mais les rires qui s’emparent d’eux ressemblent à du désarroi. Les territoires occupés font l’objet régulièrement de fictions au cinéma. Ici, Emanuele Gerosa emprunte le documentaire pour parler non pas tant de la ville de Gaza en elle-même que de ses jeunes qui peinent à trouver un travail et donner un sens à leur vie. L’avenir est bouché avec les bombes qui explosent, les gaz israéliens qui empêchent la résistance, les coupures d’électricité et le manque chronique de tout.
- Copyright Wayna Pitch
One More Jump est un film sensible et précieux. On découvre de l’intérieur les motivations qui poussent certains jeunes hommes à quitter leur pays. Ils se sentent même étrangers sur leur propre terre et rien n’est fait pour qu’ils s’installent sereinement dans une vie d’adulte. Ils se perçoivent proches de la mort quand ils auront quarante ans, fatigués par une existence misérable et honteuse. Pourtant, malgré le thème, le cinéaste n’abuse pas de la compassion et des larmes. Il filme ces garçons qui bravent les murs et les immeubles, dans une série de sauts impressionnants et intrépides. Le parkour pourrait devenir une issue pour certains d’entre eux, du moins une porte de sortie vers le rêve occidental où, quoiqu’on en dise, on parvient toujours à trouver un travail et une certaine forme de stabilité sociale. Cette manière qu’ils ont d’éprouver leurs corps, de mettre au défi leur propre résistance, est similaire au combat qu’ils endossent dans leur existence pour s’aménager un avenir.
- Copyright Wayna Pitch
L’œuvre s’attache à une véritable esthétique de l’image. Il s’agit d’un film de cinéma. Le Beau est convoqué pour échapper justement au poncif du réalisme et de l’accablement. Certes, le propos est souvent désespérant. Mais les plans très soignés et la musique simple mais profonde apportent au récit une forme de transcendance. La fin est très belle, d’autant que le documentaire s’attache particulièrement à suivre le parcours de Jehad qui rêve d’un ailleurs en Europe. On l’accompagne dans ses doutes, dans le soutien inébranlable à son père malade, et dans la tentative de remporter un championnat qui le sortira de Gaza. Mais il est déjà âgé, et peut-être que son esprit est trop encombré de poussière et de tristesse par rapport à ses jeunes concurrents.
- Copyright Wayna Pitch
One More Jump est une belle surprise en cette rentrée scolaire. Ce petit film sans prétention aidera peut-être le spectateur dubitatif à mieux comprendre le parcours migratoire de jeunes gens vers notre continent et la force qu’il faut pour surmonter la misère du chez soi, sans s’illusionner de la richesse des autres.
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