Un passé pour l’avenir
Le 5 septembre 2018
Malgré une animation esthétiquement très sobre, Okko et les fantômes est un joli film sur le deuil et le pardon.


- Réalisateur : Kitarô Kôsaka
- Genre : Animation
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h35mn
- Titre original : Waka Okami wa Shōgakusei!
- Date de sortie : 12 septembre 2018
- Festival : Festival d’Annecy 2018

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Résumé : Seki Oriko, dite OKKO, est une petite fille formidable et pleine de vie. Sa grand-mère qui tient l’auberge familiale la destine à prendre le relai. Entre l’école et son travail à l’auberge aux cotés de sa mamie, la jeune Okko apprend à grandir, aidée par d’étranges rencontres de fantômes et autres créatures mystérieuses !
Notre avis : Okko a perdu ses parents dans un accident de voiture. La voilà aux bons soins de sa grand-mère, aubergiste, pour qui il n’y a dans la vie que le travail. C’est ainsi que Okko se retrouve à devoir s’occuper des clients de l’auberge quand elle ne va pas à l’école. Tourmentée par la mort de ses parents bien qu’elle n’en laisse rien paraître, Okko va peu à peu apprendre à se reconstruire en compagnie de… fantômes.
Le premier film de Kitarô Kôsaka, directeur de l’animation au studio Ghibli, est cependant moins un film fantastique que psychologique. En effet, quelques temps seulement après être arrivée à l’auberge, Okko fait la connaissance d´Uribo, un garçon mort dans les années 70 ; mais aussi de Miyo, décédée treize ans auparavant, et de Suzuki, un petit diable blond. Ces trois-là vont aider Okko à faire le deuil de ses parents, à se reconstruire et à grandir.
- © Hiroko Reijo, Asami, KODANSHA / WAKAOKAMI Project
Scénaristiquement parlant, cela semble assez simple, et pourtant, Reiko Yoshida a pris le temps de bien développer la personnalité des personnages (y compris secondaires) et leur évolution tout au long du film. Ainsi, si l’héroïne parvient à s’intégrer à l’école et à se faire des amis, elle se retrouve malgré elle mise en concurrence avec Matsuki Akino, une fille de son âge dont les parents tiennent l’auberge de luxe voisine de celle de sa grand-mère. Loin de la déstabiliser, de l’attrister ou de la mettre en colère, cette course à la clientèle et à la qualité imposée par cette jeune fille prétentieuse, arrogante et à la tenue rose extravagante apprend l’art de la négociation et de la diplomatie à l’héroïne.
- © Hiroko Reijo, Asami, KODANSHA / WAKAOKAMI Project
Le récit, dirigé tout entier vers l’apprentissage et la quête de soi, est aussi empreint de mystère, de spiritualité et de sagesse, trois ingrédients qui font la renommée du cinéma japonais. En se liant d’amitié avec les fantômes et avec l’une des clientes de l’auberge pratiquant la méditation et les arts mystiques, Okko va peu à peu apprendre à (re)vivre, se libérer de ses démons, ne plus culpabiliser, se pardonner à elle-même et aux autres.
Certes, au-delà des esprits qu’il met en scène, Okko et les fantômes n’est pas un film fantastique comme ont pu l’être les grands classiques de Miyazaki ou du regretté Takahata. Pourtant, l’on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine frustration à la vue d’images à l’esthétique un peu trop sobre. Sans doute le film aurait-il gagné à être visuellement plus audacieux. Mais comme il s’agit là d’un premier film social et huaniste, à la sincérité indubitable, nous y goûterons avec plaisir.