Le 20 avril 2019
Un film sur la jeunesse de John Lennon. Paresseux comme un téléfilm du dimanche soir, malgré la présence de Kristin Scott Thomas.
- Réalisateur : Sam Taylor-Johnson
- Acteurs : Kristin Scott Thomas, Anne-Marie Duff, Aaron Taylor-Johnson
- Nationalité : Britannique, Canadien
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h38min
- Date de sortie : 8 décembre 2010
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Notre avis : Nowhere boy n’est pas un si vieux biopic, mais comme on l’assimilerait volontiers à un de ces téléfilms pantouflards de la BBC, il paraît beaucoup plus âgé qu’il ne l’est. Peu importe. Si la mise en scène s’avère sagement réaliste, sans apprêt, elle épouse toutefois la volonté -très scolaire- de s’en tenir à une stricte chronologie des événements. Les rares analepses ne refèrent qu’au traumatisme initial : l’enfant abandonné par ses parents et recueilli par sa tante.
John Lennon serait-il devenu cette pop star planétaire, s’il n’avait empoigné le rock à la force du poignet, poussé au train par le tragique de l’existence ? On sait des rockers heureux, mais qui goûtent au bruit et à la fureur sans avoir à convoquer les fantômes de la psychanalyse. Il n’y a pas à chercher si loin : le petit brun gominé qui défie Lennon sur un air d’Eddie Cochran fait partie de ces teddy boys qui se sont jetés à corps perdu dans la musique, avec le secret espoir d’échapper à la morne grisaille de Liverpool. Paul McCartney a lui aussi perdu sa mère. Toutefois, il ne l’invoquera jamais de façon sépulcrale, comme son comparse le fit dans la chanson cathartique Mother. Macca ne cherche pas à régler ses comptes en distribuant les coups de poing. Il fait simplement rouler les notes. "Love me tender", chantonne-t-il à Julia, la mère de John.
Le film ne nous apprend rien de plus que ce que l’on ne connaît déjà. Mais il ose -et c’est sa seule licence-une relecture quasi incestueuse de la relation entre Lennon et sa génitrice, sur le mode de l’initiation. Le rock, en l’occurrence, enseigné comme un kamasutra, note à note, sur un banjo. Le reste appartient à l’histoire, la grande, écrite aux quatre coins du monde, vécue dans l’hystérie collective et racontée mille fois. Parfois, le chanteur tente d’attirer l’attention sur son malaise ("I’m a loser", "Help !"), mais personne ne le prend au sérieux. Il faudra attendre la fin du groupe pour que, rendu à sa nudité individuelle, l’artiste sente la douleur ravivée et choisisse de la cautériser en dix chansons, dont l’une -la plus célèbre et la plus forte- rappelle à la fin du film tout ce que la création lennonienne doit à une souffrance initiale.
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