Le 27 avril 2025


- Scénariste : Fred Bernard>
- Dessinateur : Fred Bernard
- Genre : Autobiographie, Historique, Roman graphique
- Editeur : Casterman
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 16 avril 2025
Un livre unique en forme de parallèle entre histoire et vie personnelle...
Résumé : Comment raconter à la fois son parcours et celui de l’humanité à son fils ? Fred Bernard a choisi d’évoquer de manière autobiographie et par le biais du roman graphique sa vie, en l’accompagnant d’un résumé de la grande Histoire pour suivre les jalons des évolutions humaines.
Critique : En mettant sur la même ligne l’évolution d’un homme et celui de l’humanité, on pense forcément à cette série Il était une fois l’Homme (voire même la version Les explorateurs), mais Fred Bernard est allé plus loin dans cette mise en perspective. Si les jalons historiques sont présents, chaque étape (jeunesse, adolescence, étudiant...) de sa vie correspondant à un costume (Préhistoire, Antiquité, Moyen-Âge...), si des planches explicatives des progrès sociaux (et notamment les droits des femmes, les fondations de l’école, les acquis sociaux...) viennent se glisser, s’ajoutant à des figures et des personnalités marquantes des époques, l’essentiel de cet album n’y réside cependant pas vraiment. En évoquant pour son fils cette Histoire en résumé (car oui, c’est bien une Histoire simplifiée qui ne se veut ni exhaustive ni complète), l’auteur n’avait besoin que d’un prétexte pour confier ses propres souvenirs et étirer le fil de son passé. Depuis l’accident qui a failli lui coûter la vie ou les jambes en tombant d’une falaise jusqu’au décès brutal de son jeune frère à l’âge adulte, en passant par les balades aussi dangereuses qu’insouciantes dans la forêt et le bilan des soirées étudiantes aux Beaux Arts, tout un fil se déroule, avec comme thématique, celle d’une évolution. En critiquant son époque, en reconnaissant ses torts comme le bizutage de ses cousins, en montrant des qualités comme lorsqu’il a su aider une jeune femme contre un harceleur dans un cinéma, l’auteur s’inscrit aussi dans une démarche de construire des générations meilleures, tout en montrant les choix, et donc les erreurs, qui ont été marquants pour son parcours.
© Casterman / Bernard
Le dessin, à la manière d’un Trondheim qui raconte ses Petits riens, enveloppe cet album géant d’une atmosphère comique, arrivant à brider le sérieux et la douleur de certains moments dans une tendre malice et des couleurs presque pastels. Profitant d’une enfance plutôt choyée, où l’on arrive à voir petit à petit la violence physique du père qui, progressiste sur beaucoup de sujets comme le racisme ou l’écologie, ne pouvait réprimer des colères sur ses enfants et des réflexions sexistes, le jeune Fred va s’épanouir en choisissant le dessin, même s’il aimait les animaux et la découverte de la nature. Son dessin connaît une seule limite, et le comique n’y pourra rien, puisque l’annonce de la mort du frère rencontre une feuille blanche, et les passages suivants ne seront qu’en noir et blanc, durs et froids comme le marbre, signe que ce style détendu n’aura pu aller jusque là, brisé lui aussi par le chagrin. La renaissance finale ne peut empêcher d’y repenser, vide inévitable qui aura endeuillé, grisé un cheminement jusque là fleuri et grisant.
© Casterman / Bernard
Oeuvre à la fois fantasque et ambitieuse, fragile et équilibrée, Nos Héritages se place à un carrefour encore inexploité, comme un rond point dans la vie de Fred Bernard et pour l’Humanité, dont l’unique fonction est d’éclairer un enfant en particulier et les lecteurs en général.
240 pages – 24 €