La mémoire et l’oubli
Le 17 mai 2018
L’un des plus grands réalisateurs roumains revient sur les écrans français avec un de ses meilleurs longs métrages.


- Réalisateur : Lucian Pintilie
- Acteurs : Victor Rebengiuc, Razvan Vasilescu, Coca Bloos, Dorina Chiriac
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Roumain
- Distributeur : Rezo Films
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h30 mn
- Box-office : 9.506 entrées France / 2.469 entrées P.P.
- Titre original : Niki Ardelean, colonel în rezerva
- Date de sortie : 24 septembre 2003

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L’argument : Niki, colonel à la retraite de l’armée roumaine, glorifiée du temps du communisme mais aujourd’hui dénigrée, supporte très mal la mort de son fils, également militaire. La famille est encore secouée par ce deuil quand la fille cadette, Angela, annonce son intention définitive de partir aux Etats-Unis avec son mari, le fils de leur voisin et ami, Flo. Alors que ce départ est une source de souffrance pour Niki, Flo encourage le jeune couple. Lucian Pintilié filme sous la forme d’un portrait aigre-doux ces derniers mois passés en famille, durant lequels se joue un conflit de génération particulièrement vivace dans le contexte fragile de l’ère post-communiste.
- Copyright Rezo Films
Notre avis : Le dernier long métrage de Lucian Pintilié, Niki et Flo est à la fois un film sensible, réalisé par un cinéaste resté au pays malgré la censure communiste, et une fable universelle. Car rien n’est plus universel que la douleur de voir partir un enfant, que ce soit par la mort ou par l’exil.
Face à Niki, littéralement anéanti, Flo décide pourtant de cultiver un optimisme presque irréaliste. Peu à peu leurs attitudes totalement antagonistes les séparent et leur solide amitié se désagrège. Au drame familial se superpose alors le drame roumain, celui d’un peuple privé de repères et confronté à un avenir incertain.
La caméra de Pintilié se déplace avec indulgence sur ces visages endurcis par la vie, mais sait également laisser sa place aux explosions de joie, lors du mariage d’Angela par exemple. Il passe avec légèreté des sujets graves aux jeux de mots et aux échanges pleins d’humour entre les deux retraités, et parvient à créer une atmosphère unique de fin de siècle postcommuniste. Le film est comme un dernier sourire dans une immensité de mélancolie.