Le 26 octobre 2017
- Scénariste : David VANDERMEULEN>
- Dessinateur : Daniel Casanave
- Genre : Biographie
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 6 septembre 2017
Écorché, malmené, inconsolé, Nerval est en tout cas plein d’intérêt.
Gérard Labrunie, qui changera pour prendre le nom plus noble de Nerval, a été un écrivain au destin digne d’être raconté. Traducteur précoce du chef-d’œuvre de Goethe, il fait partie du courant romantique, disciple d’Hugo, ami de Gautier, mais finira sa vie entre folie et pauvreté, jusqu’à son suicide. Pour retracer sa vie, David Vandermeulen s’est essentiellement appuyé sur sa correspondance, ou celle de ses amis proches, pour tâcher de tisser la toile de cet homme qui semble errer, porté par une vie qui souffle trop fort, avec un esprit trop léger pour se concentrer sur une société trop lourde, où les femmes l’effraient tout autant qu’elles le fascinent, ou la littérature est aussi bien un refuge qu’un piège. Sa jeunesse est ainsi rapide, presque belle, où la sexualité semble être le seul point noir, comme une abîme, où se jouent les dessous de la bataille d’Hernani, les premiers essais comme rédacteur : tout va très vite pour celui qui était déjà une star au lycée. La force de cet ouvrage, c’est que le héros, bien réel, n’est pas forcément sympathique pour le lecteur. Ni antipathique d’ailleurs, il vogue sur les vagues de sa vie, ballotté par ses désirs non assouvis et par son fétichisme de la pendaison, qui rythment son existence comme autant d’expériences pathétiques. Son priapisme, évoqué d’ailleurs par Théophile Gautier, semble avoir été un handicap assez difficile à vivre, et vers la fin de sa vie, ses illusions, dérives et crises psychotiques expliquent tout autant ses choix artistiques que sa fin dramatique.
© Casterman
Face à l’homme historique et son héritage littéraire, on peut penser que le dessin sera presque accessoire. Daniel Casanave a choisi un trait original, qui peut choquer lorsque démarre le récit, puisque Nerval ou Gautier sont représentés dans un style fougueux, les corps sont tendus, proches de la caricature. Les personnages ont une fluidité qui favorise les expressions exagérées, mais qui se heurte à d’autres personnes comme Hugo ou Dumas qui ont eu droit à un travail plus poussé, à la fois sérieux et caricatural, qui là encore, surprend. Pour le reste, l’ambiance colorée qui fait passer des cafés parisiens aux souks de l’Orient, sans oublier les bulles de fantasmes ou les songes oniriques voire délirants, impriment un rythme complexe mais extatique, à l’image de l’œuvre de l’écrivain en vérité.
© Casterman
Témoignage élaboré et hommage mérité pour un des écrivains de la génération maudite, le titre L’Inconsolé sied bien à ce poète qui aura beaucoup attendu de la vie, des femmes et des jouissances sans rien retenir, sinon des miettes. Ces miettes, couchées sur du papier, ont trouvé preneur, et sur les planches d’une bande dessinée, c’est aussi superbe.
168 pages - 22,50€
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