Le Blade Runner du Bis
Le 22 avril 2017
Un actioner SF bis miné par une narration précaire. On appréciera toutefois ses cascades et fusillades qui dénote un vrai savoir-faire de la part d’Albert Pyun.
- Réalisateur : Albert Pyun
- Acteurs : Tim Thomerson, Brion James, Deborah Shelton, Olivier Gruner
- Genre : Science-fiction, Action, Thriller
- Nationalité : Américain, Danois
- Editeur vidéo : Metropolitan Video
- Durée : 1h36mn
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Résumé : Los Angeles, 2027. Alex Raine, un policier mi-homme mi-machine doit éliminer le chef de la résistance. Mais ceux qu’il croyait être ses ennemis sont peut-être les sauveurs de l’humanité...
Notre avis : Vous vous rappelez certainement du visuel de la jaquette de Nemesis, qui, à coup sûr, vous faisait fantasmer dans les allées des vidéo-clubs lors de vos virées à la recherche d’une bonne VHS pour égayer votre samedi soir. Le succès planétaire un an plus tôt de Terminator 2 aidant (nous sommes alors en 1992), elle promettait un nouveau duel maousse costaud entre l’humanité et les machines. La série B signée Albert Pyun est pourtant loin d’être un plagiat éhonté de l’oeuvre de Cameron même si elle en reprend quelques idées. Disons que le lien est peut-être même encore plus étroit avec le Blade Runner de Ridley Scott. On ressent nettement l’intention de mettre sur pied ce qui pourrait justement être une sorte de Blade Runner avec de l’action pour un résultat néanmoins sevré d’atmosphère poétique ou encore de questionnement profond sur la condition humaine. On se retrouve donc face à de la pure série B nerveuse et "rentre dedans" qui va pouvoir laisser parler le savoir-faire de Pyun en la matière. Ce qui va frapper dans ce petit morceau d’actioner SF tourné en Scope, c’est d’abord la qualité des cascades et autres scènes d’action parfaitement coordonnées qui dans l’ensemble tiennent vraiment bien la route (celle d’ouverture avec gunfight explosifs à gogo sans oublier d’en mentionner une autre toute aussi marquante avec fuite à travers plusieurs couches de plancher criblées de balles font vraiment leur petit effet). Dommage simplement que tous les effets spéciaux ne soient pas à la hauteur. En particulier sur une des ultimes scènes qui place un squelette cybernétique tentant de se raccrocher à un jet en vol dans une stop motion honteusement défectueuse. Cela avait déjà du mal à passer en 1992 alors imaginez maintenant !
Si Pyun s’en tire donc plutôt bien au niveau de l’action ce n’est pas le même son de cloche au niveau de ce qu’il souhaite nous raconter. On le sent perdre le contrôle d’une histoire nébuleuse où l’on essaye d’imbriquer police de L.A., cyborgs rebelles et faction terroriste dans une grande machination visant à mettre l’humanité en péril. C’est en effet tellement mal raconté que tout cela tire dès les explications de départ vers un beau mic-mac décousu et inutilement complexe. D’autre part, Nemesis va pâtir de sa direction d’acteurs approximative. Muscle saillants, répliques à deux balles et regard bovin pour un Olivier Gruner sans charisme qui passe pour le Van Damme du pauvre dans le rôle principal d’Alex Raine, le flic mi-homme mi-machine au long imper. On retrouve à ses côtés des gueules d’éternels seconds couteaux comme Brion James (Le scorpion rouge, House 3, La chair et le sang, Tango & Cash), Cary-Hiroyuki Tagawa (Dans les griffes du dragon rouge, Mortal Kombat) ou Tim Thomerson (Aux frontières de l’aube,Future Cop 2), mais aussi la sculpturale Deborah Shelton, ancienne Miss USA 1970 et star de la série Dallas qui figurait déjà au casting de Body Double, fabuleux thriller érotique signé Brian De Palma.
Acculé par des problèmes de narration montrant un Pyun dépassé par son histoire (ou coup vicieux des producteurs ordonnant de remonter le film en post-prod ?), ce Nemesis à l’univers légèrement futuriste bondé de cyborgs se regarde avant toute chose pour ses scènes d’action distrayantes. À noter enfin que le film engendrera trois autres sequel DTV de qualité globalement médiocre entre 1995 et 1996, toutes réalisées par Albert Pyun. Mais ça, c’est une autre histoire.
LE TEST BLU-RAY :
Double programme Albert Pyun qui permet de redécouvrir les oeuvres un peu oubliées du cinéaste. Les férus de série B des années 90 apprécieront forcément. Un coup de chapeau à l’éditeur Metropolitan pour avoir exhumé ces deux titres.
Les suppléments :
On nous propose un making-of de 7 minutes qui date de l’époque de sortie du film. L’intérêt y est majoritairement promotionnel. Les images non restaurées sont elles aussi d’époque.
L’image :
On prend un peu peur lors des premières scènes avec des noirs sévèrement bouchés, mais ça s’améliore au fil des minutes, dès les premières scènes en extérieur. La restauration alterne le bon et le moins bon. Si le grain n’est pas toujours heureux, cela reste un vrai plaisir de redécouvrir le film dans de telles conditions.
Le son :
Le DTS-HD Master Audio 2.0 des deux mixages est un peu trop étouffé et peine à libérer beaucoup d’ampleur sur le matériel audio. Le doublage français d’époque est toujours aussi médiocre et provoque parfois l’hilarité, surtout lorsque c’est Oliver Gruner qui débite ses répliques. À voir donc en VF pour un trip nanar, sinon, tournez vous vers la VO.
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