Le 4 mai 2018
Situé entre le manga, la BD psychédélique et le dessin animé d’aventure, le film tente de réinventer une esthétique de l’animation. Hélas, le scénario s’égare dans une représentation du monde résolument vulgaire et décadente, doublé de dialogues stéréotypés.
- Réalisateurs : Guillaume Renard - Shoujirou Nishimi
- Acteurs : Féodor Atkine, Orelsan , Redouane Harjane
- Genre : Animation
- Nationalité : Français, Japonais
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h33mn
- Date télé : 27 janvier 2022 21:10
- Chaîne : France 4
- Date de sortie : 23 mai 2018
- Plus d'informations : Mutafukaz - le site
- Festival : Gérardmer 2018
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Résumé : À la suite d’un accident de scooter provoqué par la vision d’une mystérieuse inconnue, Angelino, un bon à rien comme il y en a des milliers à Dark Meat City, une sordide mégapole de la côte Ouest, commence à avoir de violentes migraines accompagnées d’étranges hallucinations. Avec son fidèle ami Vinz, il tente de découvrir ce qui lui arrive, alors que de menaçants hommes en noir semblent bien déterminés à lui mettre la main dessus...
Notre avis : Il apparaît comme une évidence que le cinéma d’animation n’est plus le seul apanage d’un certain cinéma japonais ou américain. Force est de constater que le film de Guillaume Renard et Shoujirou Nishimi ambitionne un renouveau absolument magistral de l’animation. En effet, il serait particulièrement déplacé que d’ignorer le travail magnifique de dessins que les auteurs ont apporté à leur œuvre. Le traitement des images est peut-être ce qui apparait de plus évident, tant les dessins sont précis, les décors urbains somptueux, et le rythme effréné.
Le récit est censé se passer dans la ville terrible de Dark Meat City, quelque part aux Etats-Unis, où les cafards pullulent, les rats se font dévorer les tripes par des corbeaux macabres, et les hommes, jeunes souvent, issus des ghettos sud-américains, affectionnent particulièrement l’usage des armes. En réalité, il s’agit d’une représentation toute personnelle de la ville de Los Angeles. Personnelle, car rien n’est fait pour donner envie aux voyageurs curieux de venir s’y perdre. Les immeubles sont glauques, les habitants effrayants, on meurt sous les balles toutes les secondes. Et drôle de détail, dans cette ville américaine où naturellement les affiches et les indications sont en anglais, on y parle le français. Mais pas n’importe quel français. Celui d’une certaine jeunesse qui visiblement a oublié sa syntaxe et la sémantique.
Il y a d’ailleurs dans les dialogues un risque de caricature évident. Les premières séquences, on s’amuse de cette novlangue de la jeunesse mais très vite, on s’agace des expressions toutes faites, des tics de langage comme si les auteurs avaient voulu affirmer que leur film ne pouvait ne s’adresser que strictement à une certaine catégorie de spectateurs. On se sent alors exclu de ce verbiage renforcé par des incises semblables à des graffitis de rue, qui viennent commenter le récit. Et quand Shakespeare s’invite dans cette danse urbaine des mots, le sang du spectateur extérieur à ces communautés urbaines ne fait qu’un tour. Voilà donc un cinéma qui cible une catégorie de spectateurs, avec en substance, le risque de verser dans la démagogie. On passe alors à côté des premières tentatives cinématographiques des non moins talentueux Orelsan, Redouanne Harjane et Féodor Atkine.
Il n’est jamais aisé d’adapter pour le cinéma une bande dessinée. Encore moins quand il s’agit de raconter une histoire dans un format raisonnable une pareille saga qui voudrait tout dire des ghettos américains, du racisme ambiant, du catch, et même du réchauffement climatique. Pour une fois, le format semble trop court pour donner corps à autant de détours dans la narration. Il manque des clés de compréhension pour appréhender avec justesse ce que viennent faire ces hommes noirs au milieu des lutteurs en acrylique et des explosions incessantes d’hémoglobine.
Tout cela est fort dommage. Si le scénario avait été un peu plus écrit, peut-être que l’on ne serait pas passé à côté de l’essentiel : la force esthétique des images.
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