Le 8 janvier 2025
Un préquel routinier et sans aspérités, qui peine à quitter les chemins déjà battus pas ses prédécesseurs.
- Réalisateur : Barry Jenkins
- Acteurs : Seth Rogen, John Kani, Kelvin Harrison Jr., Billy Eichner, Aaron Pierre
- Genre : Aventures, Animation, Musical, Film pour enfants, Film animalier, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Américain
- Distributeur : The Walt Disney Studios Motion Pictures France
- Durée : 1h58mn
- Titre original : Mufasa: The Lion King
- Âge : À partir de 8 ans
- Date de sortie : 18 décembre 2024
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Résumé : Rafiki raconte à la jeune lionne Kiara - la fille de Simba et Nala – la légende de Mufasa. Il est aidé en cela par Timon et Pumbaa, dont les formules choc sont désormais bien connues. Relatée sous forme de flashback, l’histoire de Mufasa est celle d’un lionceau orphelin, seul et désemparé qui, un jour, fait la connaissance du sympathique Taka, héritier d’une lignée royale.
Critique : Et vous, comment savane ? S’il était évident que Le Roi Lion, empereur du box-office en 2019, allait connaître une suite, restait à voir quelle direction Disney allait lui donner. Un remake littéral de L’honneur de la tribu, suite – et décalque sans grande originalité – du classique animé ? Trop facile. Ce volet préfère faire un pas de côté pour raconter comment les fameux Mufasa et Scar – Taka, de son nom de baptême – se sont rencontrés et ont fait les quatre cents coups ensemble avant, on le sait, de se fâcher pour toujours. La formule n’est pas neuve et sans doute y aurait-on été plus sensibles si ce Mufasa n’arrivait après plusieurs longs-métrages rigoureusement similaires – pas même au cours des dernières années, mais ce dernier hiver. Comme Wicked, le film égrène une poignée d’éléments sur-signifiants, clins d’œil et coups de coude au devenir des deux personnages. Et, comme Transformers : Le commencement, l’affrontement entre les protagonistes quitte rapidement le champ de la guéguerre de clocher pour devenir quelque chose de plus biblique, façon Abel et Caïn.
- © 2024 The Walt Disney Company. Tous droits réservés.
Plus embêtant encore : Mufasa n’assume jamais totalement ce parti pris de rejouer, pour la faire courte, Le Parrain II chez les félins. Peut-être pour ne pas effrayer la partie la plus juvénile ou la plus nostalgique de son audience, le récit est entrecoupé de saynètes à la Princess Bride, où les inénarrables Timon et Pumbaa commentent l’action et brisent péniblement le quatrième mur. Hommage au Roi Lion 3, rigolote séquelle qui revenait sur les événements du tout premier film, mais du point de vue des deux trublions ? Ou mal nécessaire pour survivre à une ère post-Deadpool, où tout blockbuster se doit de jouer la carte de la mise en abîme ? Quelle que soit la raison, tant d’intermèdes plombent le rythme de Mufasa, déjà à la peine quand il s’agit de cuisiner les quelques fonds de pots shakespeariens – Le Roi Lion est, on s’en souvient, une libre adaptation de Hamlet – sur la « lourde tête qui porte la couronne » et les vicissitudes du pouvoir.
Reste l’ambition visuelle, vraie raison de l’existence du film et meilleur moyen pour Disney de bander les muscles en matière d’effets spéciaux. Certes, tout ceci est époustouflant : chaque brin d’herbe, chaque poil de crinière, chaque flocon de neige prend vie sous nos yeux. Mais même ces prouesses techniques desservent in fine le film ; depuis toujours, les meilleurs Disney « animaliers » reposent sur cette tension entre personnages dessinés, au faciès cartoonesque, et émotions tout à fait humaines. Tension beaucoup moins foisonnante une fois que les lions semblent sortir d’un documentaire France 5. Même son de cloche du côté des chansons : le très demandé Lin-Manuel Miranda (à qui l’on doit la comédie musicale Hamilton) ne s’en sort pas si mal mais aucun de ses airs ne sort de l’ombre de ceux créés par Elton John et Tim Rice en 1994.
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Rageant, donc, de se retrouver avec un produit aussi passepartout et routinier – qu’on en vient presque à considérer comme un prologue avant un putatif troisième volet – alors que la présence d’un cinéaste comme Barry Jenkins (Moonlight) aux commandes inspirait confiance. Au lieu d’être réalisateur, Jenkins doit ici se contenter d’un poste de conservateur, au sens muséal du terme : épousseter les statues et changer les cadres, oui ; étendre la collection aux œuvres d’artistes ou plus audacieux : bof, à quoi bon ? Pas étonnant, dès lors, que Mufasa ne miaule plus qu’il ne rugit.
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