Monterey - Barlen Pyamootoo - critique du livre

Critique  : Roman picaresque, Monterey met en scène Nick, un héros rusé et têtu, jeune tête brûlée déterminée à devenir tôlier. Il vit dans un petit village pauvre où se serrent des bicoques de tôle et de bois. La mer, ses brisées et son odeur saline bercent les quelques âmes de ce hameau qui toutes se connaissent. Nick abandonne bien vite les bancs de l’école locale, puis la boutique moribonde de son père, pour donner corps à ses ambitions. Peu à peu, ses talents de mécanicien se précisent et les opportunités se multiplient, jusqu’à le mener à une situation instable, aux confins de la légalité. Mais l’attrait de l’argent dans une île miséreuse, celui de la force tranquille qui est celle de ses amis trafiquants, pourraient bien avoir raison de lui…
Barlen Pyamootoo, Mauricien, crée un petit monde où pauvreté peut rimer avec indolence, où la richesse repose davantage sur les bonheurs quotidiens que sur des lits de billets. La suavité de l’air, la présence rassurante et constante des vagues, des étoiles et de ce ciel infini donnent une douce saveur aux existences des petites gens qui ne connaissent pas -pas encore- la morsure de la cupidité. Ce roman d’apprentissage est une sorte de conte dont la morale pleine du même humour discret que le reste des pages contredit la ligne directrice du genre – le héros ne grandit pas, pas vraiment, n’apprend pas de ses erreurs de grand enfant. Monterey, qui flirte aussi parfois avec les romans noirs américains, lardé de paquets d’herbe et d’armes lourdes, est plein d’une humanité tantôt tendre, tantôt caustique.