Monsters Dark Continent - la critique du film + le test Blu-ray

Avec son approche beaucoup plus musclée, Monsters Dark Continent de Tom Green galvaude plus qu’autre chose les belles promesses laissées par l’œuvre poétique initiale signée Gareth "Godzilla" Edwards.

L’argument : Dix ans après les faits qui se sont déroulés dans Monsters, les créatures extraterrestres ont envahi la totalité de la planète. Alors que la guerre fait rage, un trio composé de Noah, un soldat en mission, d’une recrue inexpérimentée et d’une jeune femme, va découvrir que le véritable ennemi n’est pas celui qu’ils croient...

Notre avis : C’est donc "Direct to video" que l’on voit débarquer la suite du pourtant respectable Monsters de Gareth Edwards sorti en 2010. Avec trois bouts de ficelle, celui qui deviendra le réalisateur de Godzilla nous bluffait avec une sorte de croisement entre The Mist, District 9 et La Guerre des Mondes, drapé d’une approche poétique et intimiste. Pour les besoins de ce prolongement à l’« invasion » se situant dix années après les évènements de l’original, Gareth Edwards échange sa place avec le débutant Tom Green issu de la télévision (il s’agit là de son premier long métrage après avoir œuvré sur des épisodes des séries Misfits et Blackout).

Monsters Dark Continent délaisse le cadre des jungles d’Amérique Centrale pour celui des paysages désertiques et rocailleux du Moyen-Orient. Passée la première bobine qui nous amène à fréquenter une bande de jeunes "bro" détestables au sein même de leur quartier, on embarque sans plus attendre direction les OPEX du désert histoire de casser de l’envahisseur terrien manu militari. Dans un pays du Moyen-Orient où les dommages collatéraux des frappes US ont engendrés révolte et indignation (doit-on y voir une charge à l’encontre de la politique américaine à l’étranger ?), nos bleus s’embarquent pour une mission de sauvetage au cours de laquelle rien ne se passera comme prévu.
Pour le spectateur qui attendait avec impatience l’arrivée de cette suite pour plus d’explications concernant le background et les réelles intentions des aliens sur notre planète (présenteront-ils un danger sur le long terme ? sont-ils ici à des fins de survie exclusivement pacifiques ?), il déchanteront très vite car le scénario reste malheureusement très obscur sur ces points.

En outre, on cherche encore les motivations qui ont poussées Tom Green (également co-scénariste aux côtés de Jay Basu) à choisir le cadre du Moyen-Orient tant celles-ci laissent perplexe et semblent avoir du mal à se justifier à l’écran. À notre grand regret, les choix du cinéaste s’entêtent de peiner à convaincre, notamment avec le manque de conviction mis dans une partie guerre terriblement convenue. Il vient en effet singer sans grande originalité les pires clichés du genre pour faire passer un message somme toute banal (la désillusion du conflit couplée aux morts injustes d’innocents font prendre conscience à nos protagonistes que fatalement la guerre c’est mal...merci de nous ouvrir les yeux...).
L’égarement continue d’enfler avec un manque de maîtrise manifeste de l’aspect psychologique des personnages du récit, au bout du compte tous très vains. Les tensions entre soldats du même camp n’auront de cesse de nous tambouriner que le seul monstre présent sur cette planète, c’est l’Homme et non pas ces formes de vie tentaculaires dignes d’un récit de Lovecraft. Car ici les entités extra-terrestres ne s’assimilent jamais vraiment à la menace latente attendue. Si elles déambulent en arrière plan et croisent par le plus grand des hasards nos soldats c’est avant tout pour mieux dévoiler la part sombre de l’âme humaine. Leurs apparitions auront au moins le mérite de faire bonne impression à l’écran. Le travail sur les SFX demeure solide au vue d’un budget que l’on imagine toujours comprimé.

Bien que le rythme du film soit très inégal et que les différents enjeux manquent de nerfs, on retiendra tout de même une séquence agressive aux corps mutilés à grand renfort de mines antipersonnel soigneusement disséminées.
Au même titre que Monsters premier du nom, Dark Continent joue beaucoup sur une atmosphère assortie de nombreux plans contemplatifs. Les cadrages parviendront à mettre joliment en valeur les décors naturels du désert jordanien, environnement où la majorité du film a été tourné.
Au final, Monsters Dark Continent tombe rapidement en décrépitude de par son rythme laborieux, sa dénonciation trop élémentaire des conflits armés, ses personnages antipathiques sans relief et son final abscons. En bref, un peu plus de fond n’aurait sans doute pas fait de mal à ce faux film de monstres loin de rivaliser avec la réussite de son modèle.

LE TEST BLU-RAY :

Les suppléments :

La partie bonus de l’édition se compose tout d’abord d’un module de 25 minutes intitulé "interviews" où l’on pourra profiter d’un retour d’assez bonne qualité sur le film de la part du réalisateur, des producteurs et des acteurs. S’y glisse également "les coulisses d’une scène de tournage" (3min), un bref aperçu d’une séquence de tournage dont l’apport s’avère dérisoire.

L’image :

Cette copie HD dotée d’un léger grain retranscrit les nombreuses couleurs chaudes saturées des séquences du désert avec une belle assiduité.

Le son :

Mixage anglais et français en 5.1 DTS HD Master Audio qui ne lésine pas sur les effets. Les deux pistes savent se montrer dynamiques et puissantes dans les moments d’agitation comme lors des explosions et autres fusillades. À noter enfin la présence d’une piste Audio-3D en stéréo DTS HD Master Audio permettant de bénéficier d’un son cinéma multicanal avec effet audio 3D sur un casque ; immersif à souhait.