Mon meilleur ami - la critique du film

Notre avis : Longtemps obsédé par le thème de l’adolescence auquel il consacre la plupart de ses courts-métrages, le jeune réalisateur argentin Martin Deus rassemble, dans ce premier long, ses souvenirs personnels et ses rêves les plus intimes pour décrire la rencontre improbable de deux adolescents qui bien que n’ayant, au départ, pas grand-chose en commun finissent par se nourrir l’un de l’autre.

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Il choisit de planter son décor au cœur des immensités vierges de la Patagonie propices à la sérénité mais aussi à la solitude, précisément ce à quoi aspire Lorenzo, un adolescent qui mène ici une vie sans histoires, entouré de parents aimants et attentifs même si l’histoire sous-entend que son père a connu un passé mouvementé.

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Jeune homme aimable et sensible, il se mêle peu aux autres. Ses cheveux blonds mi-longs, son regard doux, son peu de goût pour les sportifs collectifs, ses vêtements légèrement démodés et surtout ses excellents résultats scolaires l’isolent de ses camarades plus frondeurs. Il ne semble pas souffrir de cette mise à l’écart même si l’on décèle dans son attitude un malaise bientôt renforcé par la découverte de sentiments confus et contradictoires. Quand son père lui impose la présence de Caïto, fils d’un ami peu recommandable, forte tête et habitué à être livré à lui-même, son sens des responsabilités le contraint à le prendre en charge quitte à fissurer les contours de son existence bien structurée.
Autour de portraits à l’académisme assumé, la narration certes éclairée d’une belle sincérité avance à pas délicats, ralentie par un scénario qui ne prend jamais le risque de s’égarer dans le moindre soupçon de passion tandis que la révélation du secret pressenti se révèle bien mince.

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L’originalité naît finalement de ce procédé astucieux qui consiste à extraire ces deux gens de leur engoncement dans des parcours préalablement définis pour les faire évoluer, à coup d’ambiguïté savamment dosée, vers des zones inexplorées jusqu’à les conduire au seuil d’une maturité insoupçonnée. Subtilement entretenu par le jeu aux milles nuances de ces comédiens novices mais néanmoins prometteurs (Angelo Mutti Spinetta dans le rôle de Lorenzo, introverti et mystérieux, séduira les plus sensibles tandis que Lautaro Rodriguez dans la peau de Caïto, au jeu plus affirmé réjouira les amateurs de voyous au cœur tendre) auxquels l’on s’attache au fur et à mesure du récit, le mystère de leurs liens reste entier. Hésitant entre amitié amoureuse et désir de se dépasser, l’histoire se garde bien de prendre parti. Et la fin, inattendue et rapide, n’apporte pas davantage la clé de l’énigme.
Pour entourer ces comédiens débutants, le réalisateur fait appel à deux stars du cinéma argentin : Guillermo Pfenning et Mariana Anghileri. Si la présence du père s’efface au fur et à mesure que le caractère de son fils Lorenzo s’affirme, le personnage de la mère, toujours entre autorité et compréhension, prend progressivement place dans l’intrigue pour apporter enfin une bouffée d’émotion salvatrice au cœur de ce récit trop sobre qui a néanmoins l’avantage de contourner habilement l’écueil des poncifs habituellement inhérents aux films traitant de l’adolescence.