Moi, maman ma mère et moi - la critique du film

Notre avis : Après avoir été acteur de théâtre, Philippe Le Masne écrit et réalise plusieurs courts-métrages dont il s’inspire directement pour donner naissance à ce premier long-métrage, entre fantaisie et causticité.
Benoît est en retard et il en est tout contrit. Car, il le sent bien, son frère aîné venu l’attendre à la gare estime qu’il s’agit là plus d’une intention délibérée de sa part que d’un incident imputable à la compagnie ferroviaire.

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Au cœur de cette fratrie composée de quatre enfants désormais adultes (deux garçons et deux filles), Benoît (Grégory Montel) est l’élément perturbateur car il est lui-même perturbé. En effet, Benoît détient un secret qu’il fait semblant d’avoir oublié, en tous cas que sa mère lui a demandé d’oublier et dont ses frères et sœurs ignorent tout. Ils ne comprennent donc pas son décalage par rapport au reste de la famille et son incapacité à se joindre à eux pour vider au plus vite cette maison familiale mise en vente. Ce retour forcé vers le lieu de son enfance le confronte à des défis contradictoires qui vont l’obliger à remonter le fil de son histoire et remettre de l’ordre dans ses souvenirs. Le désordre qui règne dans sa chambre depuis toujours et dont il repousse sans cesse le rangement malgré les exhortations de se mère autrefois, de ses sœurs aujourd’hui cristallise le malaise de celui à qui la mère (qui apparaît sous la forme de flash-back réguliers) a laissé la lourde tâche de faire éclater la vérité au grand jour.
Si vu sous cet ange, le sujet peut sembler douloureux, Philippe Le Masne n’entend guère donner libre cours au drame. Bien au contraire, il laisse doucement la fantaisie envahir un récit sans grande consistance qui n’a d’autre but que de créer des situations permettant aux personnages de se révéler et de susciter le rire avec plus ou moins de bonheur.

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Le ressort comique est essentiellement assuré par le jeu exploité jusqu’à l’excès de Philippe Rebbot, désormais prisonnier d’un humour répétitif. C’est plutôt grâce à la naïveté rafraîchissante de Grégory Montel que poindront les espoirs d’empathie et de complicité tandis qu’Olivia Côte et Lolita Chammah assurent joyeusement un semblant de cohérence entre tendresse et disputes. Puisque le message sur la pesanteur des non-dits familiaux ponctué de gesticulations et de cacophonie reste confus, on se laisse sans difficulté séduire par la sérénité de ce décor champêtre composé de cours d’eau et de champs verdoyants exactement taillé pour donner de belles couleurs à cette comédie semblable à tant d’autres qui accordera modestement quelques agréables moments de détente aux amateurs d’histoires simples et débonnaires.