Le 23 octobre 2017
Bel et bien une série de David Fincher même s’il ne fait que la produire, Mindhunter captive et fascine, comme ce que le réalisateur a pu faire de mieux dans sa filmographie.
- Acteurs : Hannah Gross, Holt McCallany, Jonathan Groff, Anna Torv
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Chaîne de TV : Netflix
- Date de sortie : 13 octobre 2017
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Résumé : Comment anticiper la folie quand on ignore comment fonctionnent les fous ? Deux agents du FBI imaginent une enquête aux méthodes révolutionnaires et se lancent dans une véritable odyssée pour obtenir des réponses.
Notre avis : Bien qu’il n’en soit pas le showrunner, allouer à David Fincher la création de Mindhunter ne se réduit pas qu’à l’argument marketing d’un Netflix qui a fait de sa série l’un des événements majeurs de cette fin d’année. Et pour cause, il n’y a pas un élément de l’ADN de ce thriller psychologique qu’on ne puisse pas retrouver dans l’identité du réalisateur, que ce soit dans sa période pré-Zodiac, ou post-Zodiac. Tournant dans la filmographie du metteur en scène, cette enquête sur le tueur du Zodiaque ne cesse de revenir à l’esprit lorsque l’on regarde les débuts balbutiants du profilage aux Etats-Unis, qui partagent un nombre conséquent de similitudes avec le long-métrage de 2007. En faire une liste (non-exhaustive) pêcherait par son manque d’intérêt, mais autant le concept, que l’atmosphère ou encore les partis pris pour raconter cette phase de l’histoire sont à rapprocher de Zodiac. En soit, on pourrait même considérer Mindhunter comme une exportation de la sève du film de 2007 vers un sujet sensiblement équivalent, avec cette même approche à la fois formellement glaciale mais pourtant humaniste. Pas de sensationnalisme ici (une scène l’est, et c’est l’introduction, comme pour évacuer dès le début cet aspect), mais plutôt une étude implacable de l’impact psychologique résultant d’un travail de recherche aussi ambitieux et révolutionnaire que celui qui nous est présenté.
- Copyright : Netflix
Car les tout débuts du profilage tel qu’ils nous les sont racontés reposent sur une trajectoire bien connue du spectateur, celle des débuts d’une révolution avant qu’elle n’en devienne vraiment une. De manière très classique, la série repose partiellement sur la dualité entre un jeune loup, Holden Ford, et des anciens, son partenaire Bill Tench mais surtout aux dirigeants du FBI, organisation réfractaire aux changements qui s’imposent pourtant. Reprenant les codes du buddy movie (comme dans Seven finalement, la dérision en moins), Mindhunter confronte alors deux visions, une nouvelle école en phase avec son époque, plus à même de supporter les atrocités d’une période qui n’en manquent pas, et une vieille école, elle totalement perdue, incapable de s’adapter à la société (la question des jurons au FBI résume parfaitement ce problème). Même Tench, pourtant spécialiste des sciences comportementales, semble comme désemparé lorsqu’il s’agit de faire cracher le morceau à des tueurs en série aux pedigrees marquants. Mais la série a toujours cette intelligence avec ses personnages de ne jamais céder au favoritisme et offre un constant débat d’opinion où chacun des deux protagonistes évolue en fonction des discussions avec les autres. Sans parler de renouvellement dans le monde de la série, Mindhunter sait admirablement tirer profit d’une structure qui aligne tout de même beaucoup de codes très classiques, avec cette capacité à faire facilement avaler la pilule au spectateur sans même qu’il ait le temps de s’en rendre compte.
- Copyright : Netflix
Donnant un nouveau souffle à une organisation presque unitaire des épisodes, Mindhunter brouille la sensation de linéarité par la richesse dans le propos et son atmosphère, typique du travail de Fincher depuis Zodiac. Comme un symbole de l’encadrement de la série par le réalisateur, les deux premiers et les deux derniers segments de cette saison 1 mis en boîte par le producteur de House of Cards confèrent la ligne directrice en terme d’exigence dans l’ambiance et les dialogues. Le ton est clinique, l’analyse médicale, indubitablement scientifique, même lorsque Ford et Tench manquent justement d’esprit méthodique pour déjouer les barrières défensives de criminels. Cinéaste du dialogue, David Fincher contamine de son talent la globalité de la série par la mise en scène d’échanges millimétrés où la composition du cadre se fait en corrélation avec cette recherche de la perfection obsessive. Rien ne dépasse, chaque plan reflète la cohérence d’un univers maniaque et froid au point d’en être fascinant. Le spectateur se retrouve comme Ford, absorbé dangereusement par cette étude révélant peu à peu une personnalité déshumanisée grandement impactée par son travail pour le FBI. Par petites touches tout au long de la série s’insinue l’idée que de Holden à Edmund Kemper, il n’y a peut-être pas un fossé si large les séparant, aux dépens de l’enquêteur, dont la vie s’écroule peu à peu. Ce n’est que dans les dernières minutes que son indifférence jusque là très prononcée le rapprochant d’un sociopathe se brise brutalement, pour libérer tout ce que le personnage intériorisait depuis plusieurs mois. Par cette scène, Mindhunter résume brillamment les conséquences du jeu malsain auquel s’est adonné Ford avec ses sujets, floutant volontiers la nature de sa relation avec ces derniers pour obtenir ce qu’il voulait. Il fallait un déclic, il en a eu un. On ne joue pas avec les serial killers.
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