Le 3 septembre 2024
Mi Bestia, sans renouveler l’imagerie sur laquelle il s’appuie, promet un instant suspendu entre croyances et adolescence effrontée.
- Réalisateur : Camila Beltrán
- Acteurs : Stella Martinez, Mallely Murillo, Héctor Sánchez, Marcela Mar
- Genre : Thriller, Teen movie
- Nationalité : Français, Colombien
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h16mn
- Date de sortie : 4 septembre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024, NIFFF 2024
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Résumé : En 1996, à Bogota, toute la ville se prépare à vivre la luna roja, la lune rouge annonciatrice, selon les croyances, de l’arrivée du Diable. La jeune Mila, en pleine adolescence, commence à sentir d’étranges phénomènes.
- © NIFFF 2024
Critique : Pour son premier long-métrage, Camila Beltrán nous amène déjà aux sources de son adolescence, filmant la jeunesse de Mila, qui aurait pu être elle, dans l’établissement qui a accueilli sa scolarité. À Bogota, dans cette école catholique, les adolescentes grandissent dans un contexte difficile, alors que de jeunes filles sont régulièrement enlevées dans la ville. Pourtant, n’hésitant pas à se montrer rebelle, Mila boude les mises en garde de sa mère et de David, qui la surveille de près.
Camila Beltrán, qui a étudié les arts avant de se diriger vers les vidéos, puis les courts, et enfin ce long-métrage, propose un cadre esthétique audacieux. Dans un format resserré, elle rompt avec la tradition des 24 images par secondes, seuil à partir duquel notre cerveau considère une succession d’images comme fluide. Elle préfère, avec son chef opérateur Sylvain Verdet, travailler en 8, 12 ou 16 images par seconde, « accélérées » ensuite. Le rendu, inconfortable à l’œil, favorise l’immersion et accentue l’atmosphère de tension qui parcourt le film, sous l’œil menaçant de cette lune qui se teinte peu à peu de rouge.
- Crédit photo : Sylvain Verdet
Mila, dont le prénom pourrait faire écho, ou opposition à milagro (miracle en espagnol), est en pleine adolescence, ce qui suppose tous les changements psychiques et physiques habituellement abordés dans les films de transition générationnelle. Avec cette rébellion adolescente décrite sans grande originalité, Beltran risque de faire hausser quelques épaules de circonspection. Mais force l’admiration par ailleurs, ayant le cran de l’insérer dans un cadre esthétique si singulier.
La réalisatrice l’explique elle-même - ce qui donne une autre lumière au film et est un problème en soi, puisqu’il devrait se suffire à lui-même -, elle utilise largement l’imaginaire collectif et les références culturelles colombiennes pour nous raconter l’adolescence, et la pression que peuvent exercer les croyances sur une société. Cette dernière, selon elle, y est particulièrement perméable, ce que les dédaigneux qualifieront de superstition généralisée. Mais l’ambiance générale de croyance dans l’arrivée du Diable participe à notre entrée dans l’œuvre, et renforce notre implication émotionnelle : toutes les archives présentées dans le film sont réelles.
- Crédit photo : Sylvain Verdet
Camila Beltrán trouve dans son interprète principale une énergie brute, filmée à tous les instants et sous toutes les coutures. L’air renfrogné de Stella Martinez sied parfaitement au film, mais elle se meut dans une narration relativement prévisible, et surtout percluse de stéréotypes qui l’empêchent de prendre son envol. Par exemple, le premier baiser trop téméraire, ou encore sa découverte interdite de la sexualité, convoquent immédiatement des milliers d’autres longs-métrages qui ont déjà filmé les mêmes situations, pour les raisons similaires. Plus embêtant, le long métrage s’engonce dans son approche esthétisante lores de son dernier segment qui, sans manquer d’allant, use de trop d’artifices pour rester naturel.
– Ce film est traité dans le cadre du NIFFF 2024
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