Le 31 juillet 2021
Un huis clos onirique, qui vaut essentiellement pour le jeu du chat et de la souris auquel se livrent avec brio les deux interprètes principales.
- Réalisateur : Baptiste Drapeau
- Acteurs : Jacqueline Bisset, Anne Steffens, Alice Isaaz, François-Dominique Blin, Bastien Ughetto
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Capricci Films
- Durée : 1h31mn
- Date de sortie : 4 août 2021
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Résumé : Dans une grande maison bourgeoise, deux femmes, une veuve et une étudiante, se disputent l’amour d’un homme disparu jusqu’à sombrer dans la folie.
Critique : Marqué par la mort d’un ami proche, Olivier Briand imagine un scénario autour d’une femme qui, incapable de se résoudre à la perte de son mari, fait fabriquer un mannequin à son effigie. Il l’accompagne dans sa vie quotidienne et permet ainsi à son couple de continuer à exister. Baptiste Drapeau, qui s’est déjà fait connaître grâce à quelques courts-métrages primés lors de festivals, dont La mangeuse d’hommes ou Moitié-Moitié, s’appuie sur ce travail psychologique où s’entremêlent rêve et réalité, amour et manipulation pour donner naissance à un premier film fantasque, noyé dans une atmosphère impalpable, qui aura tôt fait de perdre les plus cartésiens d’entre nous, mais charmera sans doute les amateurs de quelques notes de romantisme.
- Copyright Capricci Films
Julie (Alice Isaaz), après avoir longtemps soigné sa mère malade, quitte la campagne où elle a grandi pour s’installer dans une ville de province (difficilement identifiable afin de préserver l’âme intemporelle du film), afin d’entamer des études d’aide-soignante. A la recherche d’un hébergement, elle rencontre Elisabeth (Jacqueline Bisset), une veuve qui accepte de lui louer une chambre dans sa maison, devenue trop grande depuis la mort de son mari, il y a vingt ans déjà. Un décès trouble et qui, on le découvre au fur et à mesure du récit, la fait osciller entre hargne et dérive. Julie, jeune personnage moderne qui idéalise l’amour, tombe vite sous la coupe d’Elisabeth, dont la beauté magnétique et l’allure surannée la fascinent. Les confidences de la vieille femme sur ce que fut sa vie de couple avec Victor, les photos qu’elle ressort, l’évocation des exploits maritimes du défunt, tout concourt à conforter Julie dans sa quête de l’amour absolu. Manu, un jeune étudiant en médecine qui tente de l’approcher, lui semble bien trop insignifiant pour entamer une relation sérieuse avec lui. D’ailleurs, elle fustige l’immaturité des jeunes gens qui l’entourent et préfère s’isoler dans l’antre prétendument plus protectrice que ne l’est la demeure isolée de sa logeuse. Jusqu’au jour où, pour concrétiser la présence de Victor, elle introduit dans la maison un mannequin de cire. Cet événement semble satisfaire Elisabeth mais, en vérité, marque le début de la dégradation de leurs échanges. En effet, Julie ne tarde pas à s’approprier l’amour de Victor, tandis qu’Elisabeth s’enfonce dans une folie perverse. Entre jalousie et domination, leurs rapports prennent une tournure dramatiquement toxique.
- Copyright Capricci Films
Par petites touches, une mise en scène délicatement insidieuse, renforcée par un jeu de lumière en demi-teinte, nous immerge lentement mais sûrement dans un climat d’horreur torride. Parallèlement, le recours à quelques subterfuges artisanaux confère à bon nombre de scènes une poésie inattendue et apporte une respiration bienvenue au cœur de ce qui ressemble finalement plus à une romance fantastique qu’à un thriller pur et dur.
C’est finalement à travers son tandem de comédiennes que se répand le mieux toute l’ambivalence qui fait le sel de la narration. Jacqueline Bisset, à la magnificence toujours intacte, se glisse à merveille sous les traits de cette femme dont la perversité n’a d’égale que la souffrance. Sa vulnérabilité, peu à peu dévoilée, en fait un vrai personnage de tragédie que l’ingénuité parfaitement feinte d’une Alice Isaaz, troublante à souhait, rend encore plus éclatant.
- Copyright Capricci Films
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