Le 20 décembre 2017
Le regard poétique et hésitant d’une enfant partagée entre ses racines familiales et son identité culturelle.
- Réalisateur : Cristina Pinheiro
- Acteurs : Beatriz Batarda, Nuno Lopes, Naomi Biton
- Genre : Drame
- Distributeur : Urban Distribution
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 20 décembre 2017
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Résumé : Je m’appelle Luisa Palmera, j’ai dix ans. Ma famille, c’est tous des Portugais. Mais moi, je suis Française, j’suis pas comme eux, j’fais pas de faute quand je parle. Ma mère, elle est plus belle que Marylin Monroe, sauf quand elle met ses lunettes. Mon père, il a une moto rouge et il me laisse gagner au bras de fer. L’autre jour, il m’a dit qu’il allait disparaître. Mais moi, je le crois pas.
Notre avis : Après avoir été comédienne, puis technicienne de cinéma, c’est une rencontre avec Michel Deville qui pousse Cristina Pinheiro vers l’écriture, puis la réalisation. Pour son premier long-métrage (après deux courts), elle puise son inspiration au cœur même de son histoire familiale, elle qui, au sein d’une fratrie de trois enfants, est la seule à avoir vu le jour en France. Démarrant son film un 25 avril, jour de la révolution des Œillets qui marque la fin de la dictature de Salazar et le terminant un 14 juillet, jour de Fête Nationale française, elle nous entraîne avec une maladresse fougueuse au cœur d’un sujet brûlant d’actualité : celui de la douleur de l’exil.
- Copyright Urban Distribution
Luisa (la jeune Naomi Biton épatante de naturel et de maturité) se revendique française. Elle va à l’école de la République, parle un français impeccable, aide sa mère dans les démarches administratives. Elle est le pivot de la famille face à un père qui, après avoir fui la dictature portugaise, ne pense qu’à revoir son pays et n’a jamais renoncé à sa culture d’origine. Bien que tout les oppose, c’est pourtant à elle que Joao, le père, lègue son histoire et une émouvante relation père/fille où les rôles s’inversent (la fillette veille sur son père qui a tendance à noyer son chagrin dans l’alcool jusqu’à se laisser emporter par la violence et apprend à vivre avec des secrets bien trop lourds pour elle) s’établit, réservant au spectateur de biens jolis instants de poésie rehaussés par ce décor sauvage de Camargue. Entre fleuve et mer, cette terre de bout du monde, entre beauté et isolement, accentue justement les contradictions de cette famille qui peine à trouver sa place dans cet espace de vie ensoleillé et illimité. Le choix de tons pastels piqués au milieu de cette nature flamboyante et disséminés à l’intérieur de cette maison décatie sans être pour autant miséreuse nous conduit sans détours au cœur des tourments de ce couple atypique entre haine et désespoir.
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Pourtant, un scénario pas complètement abouti, passant sans nuances ni lien du portrait exacerbé d’un père romantico-dépressif à une quête débridée de reconnaissance identitaire nous brinquebale sur des chemins cahoteux sans destination précise. Nuno Lopez et Beatriz Batarda (dans le rôle des parents), malgré leur capacité à imprégner leurs personnages de dignité et de sincérité, ne parviennent pas à stabiliser le contour flou du récit. Entre naïveté et onirisme, Menina n’en demeure pas moins une chronique douce-amère qui se regarde volontiers, notamment grâce à l’énergie communicative de sa jeune interprète.
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