Le 7 janvier 2024
Si l’idée de la confrontation de personnages au destin brisé par un évènement traumatique est intéressante, le traitement général demeure un peu trop superficiel pour accrocher totalement le spectateur. Mickaël Marciano est un réalisateur à suivre.


- Réalisateur : Michaël Marciano
- Acteurs : Idrissa Diabaté, Sabry Jarod, Mama Bouras, Laurie Caruso, Mickaël Migliorini
- Genre : Comédie dramatique, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Moyen métrage
- Nationalité : Français
- Distributeur : 7palms Entertainment

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– Festival de Cognac 2023
Résumé : Ismail, Mathilde, Asma et Joseph se retrouvent liés par le destin suite à un braquage dans une vieille station-service. Ce soir-là, Joseph va commettre l’irréparable, qui se répercutera sur la vie de chacun.
Critique : C’est l’histoire d’un braquage, une nuit dans une station-essence, où trois amis de galère vont commettre l’irréparable pour les deux victimes présentes, et sans doute leurs propres existences. Mektoub veut dire "destin", et le moyen-métrage justement s’accroche à l’idée de parcours de vie ébranlés à cause des actes commis par les uns qui impactent le devenir des autres. Il y a dans ce récit quelque chose qui fait penser aux grandes sagas romanesques de Claude Lelouch, dans un style noir et âpre, proche des films de polar des années 1970 et 80. Michaël Marciano aime ses comédiennes, surtout quand elles se déhanchent sur des musiques sinueuses et fantasmatiques. Il affectionne les atmosphères sombres où le spectateur pressent les influences d’un certain David Lynch ou, de façon plus lointaine, la pesanteur des films de Melville.
Le souci principal du film demeure son format. En effet, le réalisateur a beaucoup de choses à dire, à ressentir, et l’on se heurte très vite aux limites du moyen-métrage. Faute de moyens sans doute, le réalisateur n’a pas pu prendre le temps de dresser la complexité de ses personnages autant qu’il aurait voulu le faire. Il aurait sans doute fallu moins montrer, pour se centrer sur la fragilité des protagonistes. L’écriture, trop rapide du coup, réduit certains personnages à des êtres assez caricaturaux, jusqu’à parfois le risque du manichéisme et d’une certaine forme de misogynie. Pourtant, on perçoit bien que les intentions du réalisateur sont loin de cela, mais il se confronte à un format trop resserré, trop compact, pour prendre le temps de la nuance et de la complexité.
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Le film met en valeur un comédien, Sabry Jarod, dont on devrait entendre de plus en plus parler sur les écrans, à commencer avec la sortie imminente de son premier long-métrage La dernière danse. L’acteur incarne le protagoniste de ce récit, qui est plongé dans les torpeurs de la culpabilité et engage un voyage vers la repentance. Le jeune homme assume les traits d’un garçon autant mélancolique que responsable, qui tente de conjurer son propre destin et celui des personnages dont il est en partie responsable des fractures psychologiques. Il fait montre d’une vraie personnalité, hélas limitée par le format trop court du film.
Il ne reste plus à espérer que Michaël Marciano trouve dans cette première œuvre un écho favorable de producteurs afin qu’il puisse mettre à profit ses idées, son désir d’écriture et les influences cinématographiques dont il se revendique. Le talent est là en effet, qui ne demande qu’à se déployer dans un film plus ample.