Le 19 mars 2022
Si le principe général d’une dystopie où règnent fanatisme religieux et conservatisme moral est intéressant, la mise en scène maniérée et soporifique égare le spectateur dans l’ennui.
- Réalisateur : Anita Rocha da Silveira
- Acteurs : Mari Oliveira, Lara Tremouroux , Joana Medeiros
- Genre : Épouvante-horreur, Drame fantastique
- Nationalité : Brésilien
- Distributeur : Wayna Pitch
- Durée : 2h07mn
- Date de sortie : 16 mars 2022
- Festival : Festival de Cannes 2021
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Résumé : Brésil, aujourd’hui. Mariana, vingt et un ans, vit dans un monde où elle doit être une femme pieuse et parfaite. Pour résister à la tentation, elle s’attelle à contrôler tout et tout le monde. La nuit tombée, elle se réunit avec son gang de filles et, ensemble, cachées derrière des masques, elles chassent et lynchent celles qui ont dévié du droit chemin. Mais au sein du groupe, l’envie de crier devient chaque jour plus forte.
Critique : On connaît la situation du Brésil qui a succombé à un régime populiste et conservateur. La morale, la soif de sécurité semblent guider la voix d’un peuple qui a voté pour un gouvernement d’extrême droite. En ce sens, le projet d’Anna Roch da Silveira est intéressant. La réalisatrice imagine en effet une ville, perdue au bord de l’Amazonie, où un prêcheur ultra-religieux s’engage dans une quête du pouvoir. Il s’entoure d’une armée de jeunes filles et de jeunes hommes qui chassent toutes celles et tous ceux qui oseraient s’écarter de la ligne qu’ils jugent conforme à leurs idéaux catholiques d’un autre temps. Le crime est légalisé du coup, un peu à la façon d’American Nightmare, toutes proportions gardées. Et le diable rôde dans les traits d’une jeune femme dans le coma après avoir subi elle-même la violence de ces soldats de la piété.
- Copyright Wayna Pitch
La grande différence avec un film horrifique demeure la mise en scène. La réalisatrice s’engage dans une œuvre très colorée, très bruyante, faisant même penser à un clip de la chanteuse Björk. La recherche esthétique est permanente, au point d’ailleurs qu’elle prend le pas sur le récit. On comprend que l’enjeu principal du long-métrage est de jouer avec l’esthétisme. La multiplication des filtres et des lumières, l’omniprésence de la musique électronique font craindre dans le film une quête désespérée pour la reconnaissance. Mais en réalité, si les premières séquences subjuguent littéralement le spectateur, l’ennui s’impose dans cette histoire tortueuse et orgueilleuse. Les deux heures s’étendent longuement, sans vraiment apporter de plus-value à un récit compliqué et simple à la fois.
- Copyright Wayna Pitch
Un cinéma de qualité devrait faire en sorte que les effets de la photographie restent au service de la narration, et non le contraire. Plusieurs fois, la réalisatrice montre l’image d’une main enserrée par le corps d’un serpent. Cette métaphore est à propos dans le long-métrage lui-même s’égarant dans un labyrinthe de symboles et significations qui, au lieu d’éclaire le récit, assombrissent le projet. Peut-être que le film aurait gagné en intérêt dans un montage plus humble et surtout en raccourcissant sa durée. Même le titre est une énigme. La Gorgone sensée pétrifier tous ceux qui la fixent est absente dans une histoire où les principales victimes sont des femmes. On sera donc passé à côté de cette œuvre ambitieuse mais vaine.
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