Le 27 mars 2021
Intelligent et tendre, le court métrage de Bérangère McNeese décline les aspirations et les désarrois d’une jeune fille qui veut échapper au destin des matriochkas.
- Réalisateur : Bérangère McNeese
- Acteurs : Héloïse Volle, Victoire Du Bois
- Genre : Court métrage
- Nationalité : Français, Belge
- Durée : 24 min
- VOD : Disponible sur arte.tv jusqu'au 31/03/21
- Plus d'informations : https://www.arte.tv/fr/videos/09062...
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Anna, seize ans, a de longues tresses incandescentes et ne se sépare jamais de ses créoles. Elle vit seule avec sa mère Rebecca, qui l’a eue très jeune. À l’image des matriochkas, ces poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres, la lycéenne tombe enceinte, comme sa mère avant elle. Mais la jeune fille ne veut pas garder l’enfant.
Critique : Démarrant en force avec la BO rythmée de PLK (Ténébreux), le film est un concentré de fraîcheur et de spontanéité. C’est l’histoire d’une adolescente qui aspire à la liberté. Rebecca, mère aimante et désinvolte, incarne une féminité décomplexée, libre et puissante. Ses conquêtes amoureuses se succèdent sous le regard désabusé de sa fille, mais sans jamais rompre le duo qu’elle forme avec elle. Le désir d’indépendance de cette dernière se heurte cependant aux projections maternelles. Découvrant sa sexualité, elle ne veut pas poursuivre sa grossesse pour faire « bande à trois », comme sa mère se l’imagine.
On est ému par la dualité de son personnage, qui évolue vers l’âge adulte, et conserve toutefois une part d’enfance. Anna incarne un mélange contrasté de sensualité, de provocation et de fragilité. Elle teste son pouvoir de séduction sur les hommes, même sur le copain de sa mère, mais semble négliger le seul qui est véritablement amoureux d’elle. Les jeux de regards, sur lesquels s’appuie l’interprétation profonde et sensible d’Héloïse Volle, lui confèrent une intensité particulière. Les dialogues sont brefs et elliptiques, ce qui ajoute de la densité au film. Le lien discret et silencieux qui se noue entre Anna et l’ami de Rebecca est d’ailleurs particulièrement touchant. Nul besoin de paroles, tout est implicite. Celui qu’elle a pourtant cherché à provoquer et séduire, se transforme en une figure paternelle, qui la sauve d’un destin qu’elle n’a pas choisi.
C’est avec beaucoup de pudeur que le film nous plonge dans les troubles de l’adolescence et explore les rapports mère-fille et leurs limites. Un joli moment de cinéma où le non-dit se fait éloquent.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.