Le 26 mars 2021
Le choix d’un point de vue plus romantique que scientifique édulcore la personnalité de cette femme hors du commun.
- Réalisateur : Marie Noëlle
- Acteurs : Charles Berling, Malik Zidi, André Wilms, Karolina Gruszka, Arieh Worthalter
- Genre : Biopic
- Nationalité : Français, Allemand, Polonais
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 26 mars 2021 23:10
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 24 janvier 2018
- Festival : Festival d’Arras
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Résumé : Physicienne-chimiste d’origine polonaise, Marie Skłodowska-Curie est une pionnière dans l’étude de la radioactivité. Elle travaille main dans la main avec son mari, Pierre Curie, pour développer la recherche scientifique. Dans ce milieu particulièrement masculin et conservateur, Marie doit lutter pour se faire une place...
Critique : La réalisatrice Marie Noëlle est fascinée depuis son plus âge par la force, la détermination et le caractère indomptable de celle qui fut la première femme docteur en physique, la première femme à obtenir le prix Nobel, deux fois dans deux domaines distincts (en 1903 en physique et en 1911 en chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium), et enfin la première femme à entrer au Panthéon. Elle décide de lui consacrer son troisième long-métrage (après La femme de l’anarchiste en 2007 et Ludwig II en 2012) pour rendre compte du combat qu’elle dut mener afin que dans ce monde scientifique dominé par des hommes, son travail soit reconnu.
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En 1904, Marie Curie est enceinte de sa deuxième fille, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre activement ses recherches scientifiques. Le 10 décembre de l’année précédente, les époux Curie reçoivent conjointement une moitié du prix Nobel de physique (l’autre moitié est attribuée à Henri Becquerel). Entre vie familiale et activités professionnelles intenses, la vie du couple est bien remplie mais s’écoule sereinement jusqu’à ce 19 avril 1906 où Pierre Curie (Charles Berling impeccable, à la prestation trop courte) meurt sous les roues d’une voiture à cheval.
La réalisatrice en profite pour alors troquer le portrait intelligemment ébauché d’une physicienne d’exception contre celui d’une femme banalement moderne condamnée à batailler contre le machisme du milieu professionnel dans lequel elle travaille. Car Marie Curie perd non seulement son mari mais aussi son statut d’éminente chercheuse. Elle n’est plus que la veuve d’un génie disparu. Elle doit se battre auprès des institutions pour obtenir les moyens de poursuivre son travail et est contrainte à élever seule ses deux filles (Irène et Eve). Quand en 1911, elle trouve un soutien compatissant en la personne de Paul Langevin, proche collaborateur d’Albert Einstein mais surtout homme marié à Jeanne Desfosse, la presse française misogyne et xénophobe (qui souhaite le retour en Pologne de cette voleuse de mari) réduit la brillante savante à une banale femme adultère, alors qu’elle est veuve depuis déjà quelques années. La haine qui s’exprime alors est sans commune mesure avec l’événement qui donne à ses détracteurs l’occasion de s’attaquer à sa légitimité scientifique.
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Ces six années (1905-1911) mouvementées constituent assurément un pan non négligeable de l’existence de cette femme remarquable à qui l’actrice polonaise Karolina Gruszka prête toute sa force et sa grâce. Si le choix des costumes est judicieux et si l’éclairage, jouant entre reflets et éclats de lumière, reconstitue avec soin l’ambiance d’austérité et de passion, la narration, essentiellement tournée vers cette bluette dont la mièvrerie s’accorde bien mal avec le caractère fort de cette personnalité peu ordinaire, souffre d’un académisme étouffant. La fin fantasque et inappropriée d’une Marie Curie modernisée à outrance nous laisse le goût d’un biopic inachevé, malgré la belle promesse de départ qui nous laissait l’espoir d’être un peu moins ignorant sur la radioactivité.
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