Marga - La critique

Une reconstitution historique soignée qui rend un hommage émouvant à des paysans allemands ayant aidé des juifs pendant la Deuxième Guerre Mondiale.

L’argument : "Qui sauve une vie sauve le monde entier".
Au début de l’année 1943, Menne Spiegel, un marchand de chevaux vétéran de la Première Guerre mondiale, cherche désespérément un endroit pour cacher sa femme Marga et sa fille Karin. Heinrich Aschoff, patriote allemand, membre du Parti Nazi et père d’un soldat de la Wehrmacht n’hésite pas un instant à cacher Menne et sa famille, au péril de sa vie.

Notre avis : Tourné en Westphalie durant l’été et l’automne 2008, sur les lieux mêmes de l’action, Unter Bauern est l’adaptation du récit autobiographique de Marga Spiegel Retter in der Nacht - Sauveurs dans la nuit publié en 1965. Le réalisateur Ludi Boeken, aux activités très internationales, s’était surtout illustré jusqu’à présent dans le domaine du documentaire et de la production. Il a voulu rendre hommage ici aux allemands qui ont risqué leur vie pour sauver des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Ce sont ces paysans désignés par le titre original qui sont les véritables héros du film, plus que Marga et sa fille, ou même le père, Menne, bien que le portrait de ce dernier soit un peu plus fouillé et complexe. Les paysans, eux, sont tous des êtres de chair et de sang, qui espèrent, doutent, vivent des conflits intérieurs. Même le seul méchant nazi, est racheté in extremis aux yeux du spectateur par un acte sacrificiel.

On mettra au crédit du film un effort remarquable de reconstitution de la vie paysanne de l’époque, même si les acteurs s’expriment dans un allemand trop propre, nettoyé d’expressions dialectales, pour être tout à fait crédibles. Le film parvient aussi à nous plonger dans l’atmosphère des derniers mois de la guerre, où, au milieu des bombardements quotidiens qui réduisent en cendres les villes allemandes, tout le monde sent bien, en dépit du discours officiel martelé par la radio, que la défaite est inévitable.

Les acteurs sont tous très professionnels et irréprochables mais Veronika Ferres, grande vedette en Allemagne, est une Marga bien froide et souveraine face aux malheurs qui l’accablent. Lorsqu’à la fin du film on voit apparaître la vraie Marga Spiegel au milieu de l’équipe, son intervention, censée cautionner l’authenticité de l’entreprise en fait plutôt sentir les limites et les faiblesses. Certes, le réalisateur joue la carte de l’émotion avec une certaine sobriété, évitant de la souligner trop lourdement par la musique ou le montage, mais le sujet, passionnant, eut sans doute réclamé davantage de prise de risque.

Avec ses 135 000 entrées en Allemagne, Unter Bauern a rencontré un succès d’estime Outre-Rhin. En dépit des réserves exprimées plus haut on peut en recommander la vision : c’est une tentative honnête et assez convaincante de rendre hommage à des gens modestes qui ont su rester humains au milieu de l’inhumanité généralisée.