Manou à l’école des goélands - la critique du film

Critique : A l’heure du repli sur soi et de la peur de l’autre, Le 7ème Art se fait de plus en plus souvent le messager d’une réflexion citoyenne responsable. Les films d’animation à destination du jeune public ne dérogent pas à cette règle. Après les récents Ernest et Célestine, Zootopie, Ma vie de Courgette, Couleur de peau : miel, entre autres, les Allemands Christian Haas (réalisateur) et Andrea Block (réalisatrice et coscénariste) évoquent l’entraide, l’amitié et la tolérance, à travers cette histoire familiale où chacun doit apprendre à accepter l’autre, malgré ses différences et à vivre en harmonie avec lui.

Copyright Kinostar Filmverleih GmbH

Le personnage de cette fable aux paysages flamboyants est un jeune martinet, au plumage sombre et au caractère jovial, prénommé Manou (à qui Vincent Dedienne prête son timbre de voix enjoué). Sa famille ayant été décimée par des rats, il est orphelin. Il est alors recueilli par un couple de goélands. Yves, loyal, obéissant et très instruit, est le capitaine de la colonie des goélands. Il impressionne par son autorité et son élégance, mais son arrogance et son orgueil l’incitent à mépriser ceux qui ne sont pas des goélands. Blanche, sa femme, est vive et indépendante. Elle défend l’égalité et la justice. Pour elle, tous les oiseaux sont identiques. Pourtant, force est de reconnaître que martinets et goélands cumulent les différences. Les martinets vivent en communauté. Les goélands mâle et femelle couvent ensemble et ont un ou deux oisillons par an. Les premiers mangent des vers, des insectes et des moustiques, aiment voler du soir au matin et s’ils vivent prés de l’eau, ils en ont peur et ne savent ni nager, ni plonger. Les seconds pêchent huîtres, crevettes et les meilleurs poissons aux reflets argentés. Ils doivent apprendre le vol, la natation et le plongeon qui ne sont pas innés. Ces caractéristiques, a priori incompatibles, n’empêcheront pourtant pas Luc, petit goéland, fils de Yves et Blanche, de considérer Manou comme son grand frère et de redoubler d’admiration quand celui-ci tombe amoureux de Kalifa, une martinette à qui la voix de Camélia Jordana accorde sensualité et impertinence.

Copyright Kinostar Filmverleih GmbH

Le récit sera sans doute jugé basique par quelques esprits pointus. Il a cependant le bel avantage d’être immédiatement accessible aux enfants, qui ne manqueront pas s’émerveiller de la vivacité de ces drôles d’oiseaux aux personnalités affirmées et aux dialogues enlevés. Grâce aux effets visuels créés par LUXX Studios, la beauté des survols aériens, composés de tableaux éclatants aux mille couleurs chaudes, mettra des étoiles dans les yeux de toute la famille.
Manou à l’école des goélands n’a pas pour seule ambition de prêcher la bonne parole. Son graphisme, sa bande-son et sa gaieté entendent apporter de beaux instants de féérie. Pari tenu !