Lucrèce Borgia : Béatrice Dalle incandescente sur les planches à Paris

Pour ses premiers pas sur scène, Béatrice Dalle a prouvé qu’elle n’était pas née comédienne de théâtre, mais qu’elle avait une présence imparable. En goule assoiffée de bassesse, de vengeance, et forcément avide d’amour, la star évite l’incarnation dictée, inhérente aux planches, pour déballer un jeu de cinéma que l’on connaît que trop bien. Il faut dire que la mise en scène dynamique de David Bobée aime emprunter au 7e Art, et notamment à l’univers rugueux et hypnotique de l’œuvre déjantée de la comédienne.

La tragédie de Victor Hugo titille les sens, trempant ses ambiances graphiques et musicales du côté de Trouble Every Day et 17 fois Cécile Cassard. Avec sa photographie criarde et sépulcrale, son goût pour l’homoérotisme et ses surprises chorégraphiques dynamiques, cette adaptation personnelle de Lucrèce Borgia, tantôt drôle, souvent mélo, toujours iconoclaste, sans jamais se travestir d’un linceul trash, épate par sa beauté incandescente, empruntant même l’un des plus beaux morceaux d’Agnes Obel, The Curse.
La Grande Halle de la Villette, Paris, accueille aujourd’hui une troupe rodée où les générations magnifiques se côtoient, les pieds dans l’eau d’un décor lacustre qui inonde de plaisir.

Lucrèce Borgia, d’après Victor Hugo
Mise en scène David Bobée
Avec Béatrice Dalle et Pierre Cartonnet
Du 30 novembre au 3 décembre, Paris, Grande Halle de la Villette