Le 1er août 2020
Un thriller australien prenant qui se démarque du tout-venant en privilégiant la psychologie des personnages.
- Réalisateur : Ben Young
- Acteurs : Ashleigh Cummings, Emma Booth, Stephen Curry, Harrison Gilbertson, Susie Porter
- Genre : Thriller
- Nationalité : Australien
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 1er août 2020 23:11
- Chaîne : Ciné + Premier
- Titre original : Hounds of Love
- Date de sortie : 12 juillet 2017
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Résumé : Australie, été 1987. Un soir, alors que la jeune Vicki Maloney se rend à une soirée, elle est abordée dans la rue par Evelyn et John White, deux trentenaires qui l’invitent chez eux. Sur place, elle comprend qu’elle est tombée dans un piège. Séquestrée, sa seule chance de survie sera d’exploiter les failles du couple…
Critique : Premier long métrage de Ben Young, passé par Beaunes et Venise, Love hunters est un thriller psychologique au cadre aseptisé de la banlieue tranquille australienne. Une façon d’indiquer dès le départ au spectateur que les monstres se cachent partout. Sous leur apparence de quiétude, de sécurité, ces maisons peuvent renfermer les pires personnages. On suit ainsi les déboires d’une jeune fille, Vicky, enlevée par un couple dérangé, Evelyn et John White.
- Copyright UFO Distribution
Le réalisateur a d’abord la bonne idée de ne jamais expliquer les motivations du couple. Ils ramènent apparemment des jeunes filles pour leur propre jouissance. On ne connaît pas la source du mal et c’est une des forces du film.
Love hunters se démarque du tout-venant en privilégiant la psychologie des deux kidnappeurs. John White prend plaisir à torturer des filles. C’est un homme ordinaire, médiocre, ayant des problèmes d’argent et lié à des dealers. Le réalisateur Ben Young le décrit comme un pervers narcissique. Il assoit sa domination sur sa femme, Evelyn, en jouant sur sa culpabilité et l’amour qu’il lui porterait. Il la manipule constamment pour l’utiliser à sa cause. D’ailleurs, c’est bien cette dernière qui joue le rôle d’une véritable rabatteuse en ramenant des jeunes filles.
Dans Love hunters, le personnage d’Evelyn bénéficie d’une écriture travaillée. Le réalisateur met l’accent sur la contradiction permanente que vit cette femme, tiraillée entre l’amour immodéré qu’elle porte à son compagnon et sa fibre maternelle contrariée, n’ayant pas la garde de ses enfants. Evelyn est sans cesse dans une attitude ambivalente, comme en atteste d’un côté sa participation aux jeux pervers de son compagnon et d’un autre côté la façon détachée qu’elle a de nourrir la victime, de s’en occuper, comme s’il s’agissait d’une situation normale. Cela contribue à entretenir le doute dans l’esprit du spectateur : cette femme friable, qui porte une sorte de fragilité en elle, n’a-t-elle pas de la compassion pour ces victimes qui pourraient lui rappeler ses enfants dont elle n’a pas la garde ?
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Love hunters a l’originalité de s’intéresser bien plus à la personnalité des kidnappeurs que de la victime, ce qui n’est pas fréquent dans ce genre de films.
Évitant toute complaisance, notamment le voyeurisme ou le torture porn très usité dans les années 2000, Love hunters privilégie les scènes d’horreur hors-champ. Ce qui donne encore plus de force et d’intensité aux situations concernées.
D’autant que la victime, sans issue, est constamment impuissante face à ses ravisseurs. On la sent comme résignée. Son seul espoir est de rallier à sa cause la compagne du psychopathe dont elle perçoit rapidement l’ambiguïté de sa position.
Love hunters est avant tout un drame familial où chaque personnage féminin subit l’absence de l’être cher. A son crédit, le film peut compter sur une interprétation très convaincante, notamment d’Emma Booth, dans le rôle de la compagne du psychopathe. Elle est tout en nuances dans son jeu et devient presque touchante par moments.
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Par ailleurs, on notera que le réalisateur Ben Young utilise aussi avec beaucoup d’à-propos l’environnement de cette banlieue aseptisée. On ne peut être qu’interpellé quand la mère de Vicky essaie de retrouver sa fille et va de pavillon en pavillon qui se ressemblent tous, et dont les occupants ont l’air détachés de tout ça. L’indifférence d’attitude choque, mais agirait-on différemment ? Telle est la question que semble nous renvoyer le cinéaste. Pas sûr, dans une société de plus en plus individualiste.
Si Love hunters n’évite pas quelques scories inutilement esthétisantes, le thriller est prenant de bout en bout. D’autant que son final est fort sur le plan émotionnel, renforcé par une excellente insertion du morceau musical Atmosphere de Joy Division.
Il demeure un premier film hautement recommandable. On attend avec intérêt le prochain long métrage de Ben Young.
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