Le 11 novembre 2024
Si l’intention du film est noble, à savoir le témoignage de la difficulté pour les instituteurs à la fin du XIXe siècle à faire vivre l’instruction obligatoire pour tous les enfants, la mise en scène assez emphatique enferme les acteurs dans un jeu caricatural qui nuit hélas à l’intérêt du sujet.
- Réalisateur : Éric Besnard
- Acteurs : Alexandra Lamy, Grégory Gadebois, Jérôme Kircher, Patrick Pineau, Julie Moulier, Pauline Serieys, Annie Mercier, Jérémy Lopez
- Genre : Comédie dramatique, Historique
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Orange Studio , Apollo Films
- Durée : 1h48mn
- Date de sortie : 6 novembre 2024
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Résumé : 1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet doit y imposer l’école de la République (gratuite, obligatoire et laïque). Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants… ni auprès des parents.
Critique : "Louise Violet, comme la couleur !" Voilà les premiers mots que prononce cette institutrice récemment débarquée dans un village du Puy-de-Dôme avec l’impérieuse mission de faire advenir l’école obligatoire mise en place par la loi de mars 1882. Elle en a bien du courage, car non seulement les conditions d’accueil et de travail que lui propose le maire sont désastreuses, mais en plus les familles paysannes ne sont absolument pas prêtes à abandonner les petites mains de leurs enfants au profit de l’instruction. Louise Violet s’inscrit donc dans la continuité des récits d’instituteurs laïcs qui ont compté dans l’histoire de l’école publique en France. C’est ici le regard d’une femme entre deux âges, qui fuit Paris pour se confronter à la dureté du monde rural.
- Copyright David Koskas - Nord-Ouest Films
Éric Besnard fait partie de ces réalisateurs populaires qui ont le goût des choses simples. En l’occurrence, son Louise Violet met en scène l’univers bourru et pauvre des paysans de la fin du XIXe siècle, face à ce qui ressemble à l’hégémonisme de la République, censée donner les mêmes droits à tous les citoyens. Les révoltes de 1871 sont passées par là, créant leur lot de communistes idéalistes qui prêchaient pour la fin de la propriété et une égalité totale entre les citoyens. En ce sens, le long-métrage ne peut que séduire les spectateurs contemporains, tant il décrit avec acuité la fracture culturelle et sociale qui croît entre les villes et la campagne, et plus généralement les riches et les pauvres. Le problème de ce point de vue assez simpliste, voire populiste, est de réduire le monde à des oppositions caricaturales et de conforter le spectateur naïf dans un modèle social très réducteur.
L’autre défaut majeur du film demeure la façon dont les acteurs, à l’exclusion de Grégory Gadebois absolument magnifique dans un rôle de maire, s’enlisent dans un jeu emphatique. Ils en font des tonnes pour incarner leur personnage, du moment qu’ils soient basiquement appréhendés par les spectateurs. La nuance ne semble pas le propos essentiel du film qui emprunte un ton sinon bon enfant, dans tous les cas très convenu. Le sens populaire se noie dans des circonvolutions oratoires des acteurs assez agaçantes sur la durée.
- Copyright David Koskas - Nord-Ouest Films
Pourtant, Alexandra Lamy déploie une énergie considérable pour incarner cette héroïne courageuse, convaincue par le fait républicain et la nécessité d’apporter à chaque enfant une instruction susceptible de lui donner la liberté dans ses choix d’adulte. Elle se débat avec beaucoup d’assurance dans des dialogues assez mièvres, très manichéens, où les hommes sont des abrutis alcooliques, les femmes des tigresses endiablées, et les enfants de pauvres victimes. En même temps, elle nous apprend combien l’école obligatoire n’a pas été facile à mettre en place sur le territoire français, et engage à la réflexion les spectateurs qui douteraient encore de la nécessité d’une instruction publique, gratuite et imposée à chaque jeune.
Mais tout cela ne fait pas de Louise Violet un film politique. Tout au plus s’agit-il d’une fable sociale, pétrie de bons sentiments auxquels les comédiens s’adonnent avec une franche bonhomie. Éric Besnard réussit ce qu’il fait de mieux : une œuvre populaire, réductrice, où le réel s’accorde avec la volonté du peuple de se réaliser dans des archétypes sociaux cousus de fil blanc. Mais voilà, nous serons restés sur notre faim, malgré cette volonté indéniable de projeter sur les écrans un idéal de société qui peine plus que jamais à voir le jour à l’heure actuelle.
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