Le 17 mars 2020
Thriller tiré d’un fait réel, Lost girls reproduit tous les clichés du genre. La mise en scène très plate et l’indigence des dialogues constituent des faiblesses rédhibitoires.


- Réalisateur : Liz Garbus
- Acteurs : Gabriel Byrne, Amy Ryan, Thomasin McKenzie
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Netflix
- Durée : 1h35min
- VOD : Netflix
- Date de sortie : 28 mars 2020

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Une mère de famille à la recherche de sa fille récemment disparue fait une horrible découverte dans un bois de Long Island où les corps de quatre jeunes filles ont été dissimulés.
Copyright Netflix, 2020
Critique : Tiré d’un fait réel - le meurtre de plusieurs jeunes prostituées par un tueur en série insaisissable -, le thriller convenu de Liz Garbus souffre d’un sérieux problème de mise en scène, puisque tous les clichés propres au genre s’y trouvent rassemblés, bien qu’Amy Ryan, cheveux défaits et cernes sous les yeux, s’efforce de rendre sa tristesse crédible, en même temps que sa détermination à la tête d’une armée de mères résolues et unies.
Disons que la séquence d’ouverture, qui donne déjà la clef, constitue une maladresse narrative majeure, le reste progressant selon une configuration attendue : la maman déterminée, flanquée de ses filles, mène les investigations pour retrouver sa fille, alors que la police réticente ne veut pas d’abord pas en entendre parler, l’incrédulité d’usage profilant des scènes attendues. Ainsi, le commissaire un peu las qui est chargé de l’enquête prend souvent une mine de circonstance. Lorsqu’il mène les interrogatoires, son visage profite d’un clair obscur qui en accentue la solennité. Sa quasi-nonchalance ne manque de déclencher l’ire de Mari Gilbert, qui prend l’affaire en main. La rivalité entre l’investigateur officiel et sa concurrente inflexible est aussi un affrontement où chacun s’envoie à la figure de vieux cadavres cachés dans le placard, comme on dit, avant qu’un mystérieux médecin n’entre en scène.
Bref, cette réalisation pataude plombe quelque peu le contenu d’une histoire qui sème des indices contradictoires, notamment sur la dernière soirée de la disparue.
Comme le film saupoudre le tout d’une petite dose de moraline sous forme de slogans indigents -"les choix que vous faites peuvent vous suivre toute votre vie" - que les dialogues ne sont pas d’une extrême densité ("Qui habite ici ? - Le fils de pute qui l’a engagé ce soir-là", "j’aimais bien l’appeler diva, parce que c’est une vraie diva") et que la fin privilégie le recours au pathos le plus ostensible, Lost girls génère une forme d’ennui, quoique ses intentions soient bonnes : prendre le parti de jeunes femmes massacrées à qui des gens dénient le statut de victimes, sous prétexte qu’elles l’auraient cherché en se prostituant. A ce jour, le meurtrier de Shannan Gilbert et d’autres travailleuses du sexe n’a pas été retrouvé. La mère de Shannan, Mari Gilbert, a été poignardée à mort par sa fille Sarra, atteinte de schizophrénie.
Copyright Netflix, 2020