Le 13 septembre 2022
Un récit estival teinté de sensualité, de non-dits et de souffrances anciennes, qui s’égare un peu dans l’excès de dialogues et de démonstration.
- Réalisateur : Paula Hernández
- Acteurs : Marilù Marini, Erica Rivas, Luis Ziembrowski, Valeria Lois, Ornella D’Elía, Rafael Federman
- Genre : Drame
- Nationalité : Argentin, Uruguayen
- Distributeur : Bodega Films
- Durée : 1h47mn
- Date de sortie : 14 septembre 2022
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– Année de production : 2019
Résumé : Luisa, traductrice talentueuse et écrivaine en suspens, part avec sa fille Ana, jeune adolescente en pleine métamorphose et son mari passer les fêtes de fin d’année dans la maison familiale de ce dernier. Les retrouvailles à la campagne avec la famille, où le somnambulisme se transmet de génération en génération, sont source de joies, de conflits et d’un terrible drame. Luisa, pourtant, a recommencé à écrire…
Critique : L’été est dans le cinéma le lieu de tous les drames familiaux depuis longtemps, tant il joue sur la sensualité des corps et le réveil des traumas qui peinent à s’échanger. Los sonámbulos s’inscrit dans la tradition de ce genre de films, avec pour figure principale le personnage troublant d’Alejo, un beau jeune homme, apprenti écrivain, aux mystérieuses allures d’un Théorème pasolinien. Voilà donc un récit qui joue avec les sens pour distiller une atmosphère poisseuse, pétrie de non-dits, entre les membres de la famille qui se retrouvent le temps d’un été dans la demeure ancestrale. On pense aussi en rencontrant cette famille à la puissance narrative de Louis Malle et Maurice Pialat en leur temps, ou plus récemment d’Arnaud Depleschin ou d’Olivier Assayas.
Paula Hernández fait figure d’exception au milieu du cinéma argentin essentiellement composé de réalisateurs masculins. La touche de la réalisatrice est en effet très féminine, au sens qu’elle se permet une incursion dans les corps, dans les âmes à la manière d’une entomologiste. L’argent, les rivalités anciennes de pouvoir se mêlent à ce qui pourrait se satisfaire des seuls plaisirs de la rencontre familiale. De plus, le film présente une famille bourgeoise, loin d’un certain cinéma de gauche, habitué à dénoncer les méandres économiques de l’Argentine et l’impact de politiques délétères sur la population pauvre. Paula Hernández offre un récit universel qui pourrait intéresser toutes les familles, sauf que le drame qui se joue est bien particulier. Elle interroge la question des femmes, et surtout, à l’inverse, le pouvoir manipulateur et dominateur des hommes, qui semble, à l’instar de ce somnambulisme familial, continuer à se transmettre d’une génération à l’autre. Los sonámbulos parle des violences commises contre les femmes avec une véritable générosité.
- Copyright Bodega Films
En réalité, ce somnambulisme dont l’ensemble des membres de la famille serait victime est une opportunité à raconter le désordre des âmes et des corps. La sensualité est au rendez-vous, en même temps que les secrets anciens étouffent les relations humaines. Los sonámbulos est un film très habité, très ancré dans la tradition du cinéma familial. Peu à peu, après l’apparente paisibilité de l’été, s’ensuivent le tourment et la détestation.
Mais l’intérêt du récit s’estompe assez vite du fait d’une part d’un montage assez fatigant et d’autre part d’un excès de dialogues. Il aurait été sans doute intéressant de laisser une place plus importante au silence. Il y a même un risque de complaisance dans ces conflits familiaux dont on perçoit finalement assez rapidement la mécanique monstrueuse. L’ennui guette dans un récit déjà revisité mille fois sur le grand écran. Le scénario se heurte à des maladresses qui entravent la fluidité de la narration et finit par perdre le spectateur.
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