Los Silencios - la critique du film

Notre avis : Los Silencios est un long-métrage de fiction, le premier de Beatriz Seigner, jeune réalisatrice brésilienne. Pourtant, son film, sans musique, saisissant au vol, avec beaucoup de réalisme, les situations que vivent les personnages, semble, dans sa mise en scène, relever bien plus de l’écriture documentaire que de l’écriture fictionnelle.
La cinéaste aborde un sujet grave : le conflit armé colombien, qui dure depuis bientôt six décennies. Toutefois, pas d’armes, de feu ni de sang durant les quatre-vingt-dix minutes du film : le simple exil d’une famille, une mère et deux enfants, qui fuient la violence et trouvent refuge sur une petite île.

Copyright Pyramide Films

Il faut repartir de zéro, trouver ses marques, un travail, inscrire les enfants à l’école. Telle une anthropologue – c’est d’autant plus vrai qu’elle n’est pas Colombienne, mais Brésilienne – Beatriz Seigner observe son trio de protagonistes et son évolution au sein d’une organisation sociale qu’elle ne connaît pas. L’économie est en difficulté, le coût de la vie extrêmement élevé, et surtout, les enfants n’ont que leur mère, leur père ayant disparu dans le conflit colombien… avant de réapparaître soudainement.
Los Silencios est ainsi la chronique des retrouvailles et d’une réconciliation familiales, réconciliation que les protagonistes et la réalisatrice elle-même souhaiteraient voir se réaliser dans leur pays.

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Ce qui fait tout l’intérêt du film – le rendant en même temps assez déstabilisant et pas évident à appréhender – c’est l’absence de musique. Sans doute Beatriz Seigner avait-elle la volonté de « défictionnaliser » le plus possible son récit. La mise en scène ne court pas après la virtuosité ou la maîtrise technique, tant dans le cadrage que le montage, tendant bien plus au cinéma direct (cinéma-vérité) qu’à la mise en scène dramatique.
Si le silence et la sobriété un peu trop appuyée peuvent parfois être déconcertants – les émotions sont aussi discrètes dans les dialogues que sur les visages – Los Silencios a le mérite de parler d’un sujet fort et violent tout en douceur et en délicatesse.