Le 28 janvier 2022
Délicat et sensible, le film Los Lobos témoigne du parcours d’exil des Mexicains aux États-Unis à travers les yeux de deux enfants. Un magnifique plaidoyer en faveur d’une société américaine plus soucieuse de la protection des mineurs et du statut des femmes migrantes isolées.
- Réalisateur : Samuel Kishi Leopo
- Acteurs : Leonardo Nájar Márquez, Maximiliano Nájar Márquez, Martha Reyes Arias, Cici Lau
- Genre : Drame social
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Bodega Films
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 19 janvier 2022
- Festival : Festival de Berlin 2021
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Max, 8 ans et Leo, 5 ans quittent le Mexique pour s’installer à Albuquerque avec leur mère Lucia à la recherche d’une nouvelle vie. En attendant le retour de leur mère chaque soir, qui travaille sans relâche, Max et Leo observent leur nouveau quartier par la fenêtre. Ils doivent apprendre l’anglais sur des cassettes. La condition imposée par leur mère si ils souhaitent un jour réaliser leur rêver : aller à Disneyland ...
Critique : Les deux petits frères regardent le monde à travers la fenêtre d’un car. La frontière américaine est proche. Sans se rendre compte des enjeux, ils réussissent à quitter le Mexique pour se retrouver dans un bout du monde où la pauvreté côtoie le rêve américain. C’est à ce moment que la figure de la mère apparaît. Les premières séquences la montrent occupée à la recherche d’un logement digne où elle pourra laisser ses gamins en journée pour aller travailler. En définitive, elle choisit un appartement délabré, sale, mais qui semble la moins pire des solutions parmi tout ce qu’elle a vu.
Los Lobos est autant un film sur la galère des exilés mexicains aux États-Unis, a fortiori les femmes isolées, que sur la protection de l’enfance. La mise en scène concentre tout son regard sur ces deux enfants qui passent leur vie confinés dans un appartement, à la limite de la dangerosité. La mère a mis en place des règles, l’aîné veille sur le plus jeune, mais on perçoit déjà le risque pour ces deux gosses d’échapper à toute forme de scolarité et de s’abandonner plus tard à des activités délinquantes.
Le réalisateur s’évertue à mettre beaucoup de douceur et de bienveillance dans le propos. Il se refuse à accuser la mère qui est au bout du compte victime d’un système capitaliste où l’individu doit trouver ses propres solutions. En même temps, Samuel Kishi Leopo ne charge pas non plus le couple asiatique qui met en location les logements de fortune en faveur de migrants mexicains. Il décrit un dispositif social qui doit allier rentabilité économique et survie des communautés. Le risque de l’embrigadement religieux ou mafieux est décrit avec beaucoup de pudeur. Au fur et à mesure, la mère se transforme en modèle éducatif de qualité au cœur d’une société qui ne se soucie pas de ses populations vulnérables.
- Copyright Bodega Films
Los Lobos est un petit bijou de sensibilité porté par le réalisateur mexicain, Samuel Kishi Leopo, acclamé à juste titre par les festivaliers qu’il rencontre. Il offre un cinéma abouti, précieux, qui choisit l’humilité et la pudeur à travers la figure de deux enfants, pour dénoncer la monstruosité du traitement des migrants aux États-Unis. On ressort à la fois révolté par le refus américain de protéger les mineurs mais aussi rassuré par la puissance résiliente de la plupart des exilés mexicains.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.