La Rivière de la mort (Little Big Horn) - la critique + le test DVD

Un beau western épuré et sombre, conçu comme une tragédie.

L’argument :Le détachement de cavalerie commandé par le capitaine Phillip Donlin et son lieutenant John Haywood apprend que les Sioux et Cheyennes s’apprêtent à tendre un piège à Custer , ils doivent aller à sa rencontre, mais l’antagonisme entre le capitaine et son lieutenant vont compliquer la situation. Ils vont être harcelés par les indiens et bon nombre vont périr sans pouvoir prévenir Custer.

Notre avis : Premier film d’un réalisateur, scénariste et écrivain peu connu, d’autant moins que ses œuvres sont rarement sorties en France, Little Big Horn est un western étrange, profondément pessimiste, qui s’avère passionnant malgré son manque évident de moyens. Le scénario d’abord, écrit par Warren, place les personnages sous une menace constante et multiple : le hors-champ, bien sûr, d’où peut surgir aussi bien le mari trompé que l’Indien ; mais aussi le champ lui-même empli de pièges de l’eau potentiellement croupie aux ennemis dissimulés dans le paysage désertique. Cette menace fait peser sur l’ensemble du film une tension redoublée par la rivalité amoureuse du duo d’acteurs principaux. Nombre de séquences sont d’ailleurs des moments d’attente, de discussions angoissées qui rendent d’autant plus violentes les rares scènes de combat, sèches et, dans le meilleur des cas, imprévisibles (voir celle dans laquelle Lloyd Bridges est tout à coup criblé de flèches).

Little Big Horn se rattache à un genre qui transcende le western et se retrouve dans le film de guerre, celui de la « patrouille perdue » ; car, dès les premières minutes, on sait que leur mission est vouée à l’échec, ce qui la transforme en une tragédie dont la dimension suicidaire explicite conduit les hommes vers un destin inexorable, qu’un dernier plan abrupt vient conclure. Dans cette optique, les hommes de troupe font souvent office de chœur, qui commente l’action en même temps qu’il l’intensifie par des variations sur le courage et la peur. Warren utilise de façon récurrente le travelling latéral pour balayer ces hommes, attentif à leurs réactions, mais il sait aussi les individualiser, entre tendresse et respect ; il prête à chacun une scène, quelquefois bouleversante (voir la découverte de la femme promise tuée par les Indiens), sans pour autant négliger le groupe. Leur dernier combat, l’attaque frontale, est essentiellement vu par le sort du drapeau, dressé, tombé, piétiné. Sans doute y a-t-il ici un problème de moyens, mais l’effet de cette métonymie est fulgurant et d’une grande intelligence visuelle.
Certes, le film n’est pas sans défaut : les batailles, étiques, sont maladroitement mises en scène, jusqu’au quasi- amateurisme ; il faut voir les Indiens attendre le coup de feu pour se décider à tomber. Mais dans l’ensemble, ce western atypique se révèle une petite perle de noirceur et d’épure ; on est ravi qu’un éditeur, Sidonis en l’occurrence, nous permette de découvrir pareille rareté.

Les suppléments :

Outre la galerie photos, le DVD propose pas moins de trois commentaires, enthousiastes et érudits : Bertrand Tavernier insiste sur l’originalité du film et ses rapports avec ceux de Fuller (22 mn), rejoint et complété par Patrick Brion (10 mn), alors qu’Yves Boisset s’attache aux acteurs (10 mn).

L’image :

Inégale, la copie met parfois en valeur le magnifique noir et blanc, mais quelques plans souffrent de défauts criants (taches, griffures, rayures).

Le son :

La seule piste Dolby Digital 2.0 Mono est claire, du souffle du vent aux dialogues, même si ses limites sont patentes. Pas de version française.