L’heure des choix
Le 19 avril 2021
Une éducation politique et sentimentale dans le Paris du FLN et des Mac-mahoniens. Un beau film à redécouvrir, pas seulement pour Dominique Laffin.
- Réalisateur : Pascal Kané
- Acteurs : André Dussollier, Jean-Pierre Kalfon, Juliette Binoche, Bernard-Pierre Donnadieu, Anouk Ferjac, Dominique Laffin, Jérôme Zucca, Philippe Caroit, Maurice Vallier, Fred Personne, Anne-Laure Meury
- Genre : Drame, Historique
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h42mn (DVD)
- Date télé : 19 avril 2021 22:51
- Chaîne : TV5 Monde
- Date de sortie : 14 septembre 1983
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– Année de production : 1982
Résumé : Automne 1959. Julien Berg assiste à l’enterrement de son père puis revient seul à Paris, laissant sa mère à Dole.
Dans sa classe d’hypokhâgne s’opposent les militants d’extrême gauche qui montent des actions contre la guerre d’Algérie et les partisans de l’OAS. Julien est proche des premiers mais il est aussi attiré par un nouveau, Gilles, un dandy qui lui fait découvrir le cinéma américain, l’entraîne dans des surprises-parties (des rallyes) et dans un club de poker privé dirigé par l’inquiétant Brignon...
Critique : Après le facétieux Dora et la lanterne magique(1978, coécrit par Raul Ruiz et d’ailleurs très ruizien), puis le téléfilm La Couleur de l’abîme (1980), Pascal Kané, critique aux Cahiers du Cinéma, démontrait avec ce captivant Liberty Belle, récit d’une éducation politique et sentimentale à la fin des années 50, son talent à ressusciter le cinéma à l’ancienne, tout en évitant les pièges de l’académisme.
En effet, le film parvient à évoquer l’atmosphère inquiète du Paris de l’époque de la guerre d’Algérie et des luttes cinéphiles entre Mac-mahoniens et partisans du cinéma moderne, sans tomber dans la reconstitution chichiteuse en dépit de l’évidente modestie du budget.
- Philippe Caroit et Jérôme Zucca dans Liberty Belle (Kané 1983)
- Copyright Les Films du Losange
- Jérôme Zucca et Philippe Caroit dans Liberty Belle (Kané 1983)
- Copyright Les Films du Losange
On note le travail subtil sur les décors, les costumes et les accessoires privilégie le détail juste et révélateur, en situation, à l’accumulation exhaustive. La superbe photo de Robert Alazraki associe les couleurs vives et tranchées d’un univers proche de la bande dessinée à une ambiance de film noir, le plus souvent nocturne et pleine de mystère.
On reconnaît la patte de Pascal Bonitzer dans un scénario finement écrit et d’une réelle densité romanesque, qui sait être à la fois fermement structuré et complexe, riche en rebondissements et en zones d’ombres, n’oublie pas de laisser une place à l’humour (la concierge qui interpelle, dans la cour, le héros échappant aux gendarmes venus l’arrêter : Deux messieurs vous attendent !.
Le film s’inspire du cinéma français de l’époque (répliques qui font mouche, personnages colorés proches de la caricature comme l’ignoble Brinon joué par Kalfon ou le censeur aux mains moites qu’interprète Maurice Vallier), avec ce qu’il faut de distance enjouée mais sans parodier lourdement ses modèles.
La mise en scène précise, efficace, privilégie l’action à la psychologie et sait instaurer une véritable tension dramatique.
- Jérôme Zucca dans Liberty Belle (Kané 1983)
- Copyright Les Films du Losange
- Anne-Laure Meury et Juliette Binoche dans Liberty Belle (1983)
- Copyright Les Films du Losange
Au sein d’une distribution sans faille, on a plaisir à retrouver l’émouvante Dominique Laffin dans un de ses derniers rôles, ainsi que des visages attachants et un peu perdus de vue par la suite, comme ceux de l’excellent Jérôme Zucca (Rouge-gorge) dans le rôle principal, et de l’exquise Anne-Laure Meury (rohmérienne, mais pas seulement). Parmi les nombreux seconds rôles, tous pleins de relief (Luc Moullet en membre de la DST déguisé en clochard, Marcel Ophüls en prof d’allemand), on fait un peu plus qu’apercevoir la débutante Juliette Binoche, lors de la savoureuse séquence du rallye.
La sortie du film a été accompagnée d’une polémique, certains reprochant aux auteurs de montrer un Mac-mahonien compromis avec l’OAS, mais Liberty Belle a rencontré un succès public notable (25.615 entrées à Paris d’après cinema.encyclopedie.films.bifi.fr). Ce n’est pourtant que sept ans plus tard, en 1990, que sortira le long métrage suivant de Kané Un jeu d’enfant.
- Affiche de Liberty Belle (Kané 1983)
- Copyright Les Films du Losange
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