Le 5 décembre 2023
Lillah Hallah filme le combat d’un corps contre les mœurs sociales qui ploient sur lui, dans une esthétique haute en couleurs, teintée de féminisme et d’émotions.
- Réalisateur : Lillah Halla
- Acteurs : Ayomi Domenica Dias, Loro Bardot, Grace Passô, Gláucia Vandeveld, Rômulo Braga
- Genre : Drame, Film de sport
- Nationalité : Français, Brésilien, Uruguayen
- Distributeur : Rezo Films
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Levante
- Date de sortie : 6 décembre 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023, Festival Chéries-chéris 2023
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Résumé : Sofia, une joueuse de volleyball prometteuse de dix-sept ans, apprend qu’elle est enceinte la veille d’un championnat qui peut sceller son destin. Ne voulant pas de cette grossesse, elle cherche à se faire avorter illégalement et se retrouve la cible d’un groupe fondamentaliste bien décidé à l’en empêcher à tout prix. Mais ni Sofia ni ses proches n’ont l’intention de se soumettre à l’aveugle ferveur de la masse.
Critique : Dans « Levante », il y a « lève-toi », un mouvement de bas en haut, comme les sauts que réalise Sofia pour marquer des points : c’est une joueuse de volley-ball prometteuse au sein de l’équipe brésilienne C-Leste. « Lève-toi » comme la révolte féminine et féministe qu’elle déploie contre les croyances religieuses, un poing hissé haut vers le ciel, pour la liberté du corps, de choix, et le droit à l’avortement.
Plus que le portrait individuel de son héroïne, Lillah Halla dresse le portrait d’un groupe : celui de l’équipe de volley-ball dont fait partie Sofia. Le sport devient métaphore du combat, le terrain un safe place où les personnages apprennent, grandissent, et s’entraident. Au sein de cette cohésion, dans la sueur et les corps qui s’entrechoquent se nouent des amitiés charnelles, se développent des sentiments, une histoire d’amour homosexuelle, dans un univers queer.
- © 2023 Rezo Films. Tous droits réservés.
En contrepoint de ces scènes de groupe, le spectateur entre dans la tête de Sofia, par une mise en scène entrecoupée de plans au noir, qui viennent symboliser le morcellement émotionnel auquel la protagoniste est en proie : garder ou non l’enfant, puis faire l’annonce de sa décision à son père. Dans sa chambre inondée d’obscurité, elle se regarde dans le miroir, et l’image devient presque horrifique, faisant jouer la lumière bleue et violette.
L’un des sous-thèmes du film réside alors dans le concept de famille, la famille que l’on choisit, plus qu’on la subit, dans l’union et la fusion du corps, car c’est un cheminement organique que capte la réalisatrice. Il y a la famille sportive, le lien presque maternel qui unit Sofia à sa coach, ses coéquipières qu’elle considère comme des sœurs, et son père, personnage touchant qui accepte de l’aider : il possède ce rôle paradoxal qu’il est apiculteur et fabrique du miel. En plus de la référence écologique (les abeilles sont longuement filmées), il y a sans doute un symbole relatif à la création de la vie, à la sève, peut-être même au sperme (combien de fois est saisi ce liquide or et transparent, coulant du gros tonneau pour le mettre en pot, dont s’échappe une petite goutte qui tombe sur le sol, évoquant la sexualité ?).
- © 2023 Rezo Films. Tous droits réservés.
C’est enfin le poids des mœurs sociales qui est découpé, déployé par les actes violents des habitants qui entourent Sofia, la considérant comme une pécheresse, la dénigrant, quand bien même la déflagration de haine finale vient renverser les rôles : ce n’est plus Sofia qui avorte, mais la société qui provoque l’avortement, qui la libère du poids qui ployait sur ses épaules, imposé de l’extérieur ; et s’il y a péché, mort volontaire, assassinat (pour reprendre les termes des plus extrémistes d’entre eux), c’est bien à cause de ceux qui blâmaient son combat.
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