Le 2 août 2020
- Date de sortie : 3 juin 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
Ce roman est un récit qui repose sur une grande finesse d’écriture, en même temps qu’un cri d’amour qu’il faudrait s’adresser à soi-même.
Résumé : Alors qu’elle était totalement dépossédée de son corps et de sa vie, les mains d’un homme posé sur elle vont lui réapprendre l’amour de l’autre mais surtout l’amour de soi.
Critique : Dans ce très beau roman épistolaire, Amanda Sthers raconte l’existence d’Alice Cendres, une femme qui, à l’image de son nom, est brisée par la vie et ne demande qu’à renaître. Que ce soit dans sa relation avec sa fille ou sa belle-famille, l’héroïne ne se sent jamais à sa place, comme si elle n’appartenait déjà plus vraiment à ce monde. Pourtant, elle va faire une rencontre décisive qui lui ouvrira de nouveaux horizons.
Cette rencontre, c’est celle d’un homme avec qui elle aura de fréquents rendez-vous dans un salon de massage parisien. Il est japonais et ne parle que très peu le français. Mais une réelle complicité va naître entre les deux personnages. Les mains du masseur, posées sur ce corps en manque d’affection et de tendresse, vont aider Alice dans son processus de survie et vont réveiller une anatomie endormie.
Très rapidement, la protagoniste va éprouver une réelle affection, voire une forme d’amour pour ce masseur mutique et elle lui écrira une lettre. Loin de la missive passionnelle qu’on pourrait attendre, c’est en réalité une confession qu’Alice Cendres livre ici.
Sous couvert de parler des sentiments que lui inspire cet homme, elle fait en réalité un véritable travail d’introspection et revient sur des passages très sombres de son existence, sa grossesse très jeune ou encore les attouchements et les viols subis..
Si le parcours de vie d’Alice est chaotique et brisé à causes d’êtres abjects, elle le raconte avec beaucoup de pudeur et s’excuse presque d’aborder ces sujets dans cet écrit épistolaire. Pourtant, ces passages terriblement tragiques apportent une profondeur au personnage, mais aussi au récit. Ce terrible passé permet de comprendre l’importance de ses rendez-vous avec le masseur, qui deviennent en quelque sorte une thérapie pour elle. Le fait même que ce personnage salvateur exerce cette activité est d’autant plus symbolique : c’est par le corps qu’Alice parvient à se réapproprier sa vie, alors même qu’à plusieurs reprises, on le lui a volé sans son consentement.
La décision d’écrire cette lettre, qui se voulait au départ une déclaration, enclenche petit à petit un cheminement intime très émouvant et l’amour qu’elle est censée déclarer au destinataire, se transforme progressivement en déclaration qu’elle se fait à elle-même.
Ce basculement, Amanda Sthers parvient à le réaliser avec beaucoup de finesse dans son écriture, qui démontre aussi une réelle capacité de documenter ses personnages par le récit. En somme, Lettre d’amour sans le dire est un très beau roman. Il serait dommage de passer à côté.
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