Le 22 avril 2018
Un documentaire de facture classique, porté par de généreuses intentions humanistes.
- Réalisateurs : David Daurier - Jean-Marie Montangerand
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bel Air Media
- Durée : 1h20min
- Date de sortie : 16 mai 2018
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Résumé : Des ateliers ont lieu dans un collège de la banlieue d’Aix-en-Provence à l’occasion de la création d’un opéra en arabe. Les élèves vont alors découvrir les écrits d’un poète syrien, dont l’actualité résonnera bien au-delà de leur cour d’école. Ces collégiens découvrent les fables de Kalîla wa Dimna - œuvre majeure du Moyen-Orient qui a voyagé à travers les âges et les cultures, jusqu’en France où elles ont inspiré Jean de la Fontaine. A travers des fables anciennes en langue arabe destinées aux princes de Syrie, quels points de vue peuvent avoir des adolescents sur l’éthique du pouvoir ? Comment l’Orient d’hier peut résonner dans le monde d’aujourd’hui ? Comment apprécier la poésie du monde lorsqu’on a 13 ans ? Alors que les collégiens se confrontent à l’œuvre, un opéra adapté de Kalîla wa Dimna aura lieu au festival d’Aix-en-Provence cet été. Ils n’avaient jamais vu d’opéra, mais la modernité du texte se révèle et des questions d’ordre morale et politique se posent dans la cour de l’école, alors que l’équipe artistique mêlant Palestiniens, Marocains, Libanais, Turcs, travaille à la création de la musique et de la mise en scène.
Notre avis : Le Livre de Kalîla et Dimna est la traduction arabo-persane du plus ancien recueil de contes et de fables, le Pañchatantra, et il est une des œuvres les plus éminentes de la littérature arabe médiévale, bientôt transposée en castillan, ce qui lui a permis de toucher un public occidental. Ces histoires ont donc traversé les espaces et le temps, parce qu’en tant qu’exemples, elles conservent une valeur didactique dont les auteurs de cet opéra ont compris l’importance : Fady Jomar, journaliste et écrivain syrien, réfugié en Allemagne, auparavant emprisonné pour ses activités, a signé le livret et transposé les textes, se heurtant aux difficultés de la traduction d’une langue aussi riche d’images. Moneim Adwan, compositeur, né dans la bande de Gaza, a écrit la musique. Le spectacle a eu lieu au festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, en 2016.
Les yeux de la parole, ce sont les mots qui subsistent malgré la volonté de les faire taire, parce que le regard des gens les rend toujours aussi indispensables. On peut détruire le papier qui les contient, ces mots voyageront toujours par la langue qui les porte.
Le documentaire se concentre à la fois sur les répétitions de cet opéra et sur les ateliers menés auprès d’une classe de collège, pour découvrir ces fables intemporelles qui inspirèrent Jean de La Fontaine. Une enseignante propose d’ailleurs de comparer un récit du poète Ibn-Al-Muqaffa, l’auteur de Kalîla wa Dimna, avec L’âne et le chien, vibrant éloge de l’entraide.
Lorsqu’ils sont en pause, les musiciens, palestiniens, libanais, turcs, marocains, tunisiens, racontent leurs origines dans une atmosphère sereine, détendue. Lorsqu’ils sont en salle informatique, les élèves découvrent que la bande de Gaza n’est pas en Algérie et prolongent leurs travail sur leurs smartphones, en surfant sur Facebook, à la recherche de renseignements sur les artistes du spectacle.
En ces temps de troubles et d’amalgames, amplifiés par les attentats qui ont frappé l’Europe depuis 2015, il s’agit bien de découvrir la langue et la culture arabes, ici véhiculées par un spectacle subtil et imagé. "Qui donc cache la vérité, sinon l’oppresseur de toujours ?", chante le narrateur. On ne peut pas dire que cette question ne soit pas d’actualité.
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