Le 29 juillet 2021
Un film gracieux et délicat qui, à travers le prisme d’une famille ravagée par un accident, rend hommage à la tradition ancienne d’élevage de chevaux aux Kazakhstan.
- Réalisateurs : Yerlan Nurmukhambetov - Lisa Takeba
- Acteurs : Samal Yeslyamova, Mirai Moriyama, Madi Minaidarov, Dulyga Akmolda
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais, Kazakh
- Distributeur : ASC Distribution
- Durée : 1h23mn
- Titre original : The Horse Thieves. Roads Of Time
- Date de sortie : 28 juillet 2021
Résumé : Le père d’Olzhas est tué par des voleurs de chevaux le jour où il se rend au marché pour les vendre. Sa mère décide de retourner dans sa ville natale avec lui et ses petites sœurs, ainsi qu’avec les chevaux que le père leur a laissés. Un jour, un étranger se présente à eux. Il demande à rencontrer Olzhas et offre son aide pour les aider à déménager.
Critique : C’est une maison pauvre. Les meubles y sont rares, les jouets ont été construits par les enfants eux-mêmes, à partir de débris trouvés par terre. Mais l’essentiel n’est pas là. A peine debout, ces gamins se jettent à l’extérieur, dans cet enclos magnifique, cerné de montagnes et de lacs. Nous sommes quelque part dans le Kazakhstan. C’est un pays rare au cinéma. Les populations ont le teint et les yeux des populations asiatiques. Le soleil remplit l’univers tout entier et les chevaux hennissent dans le silence des paysages. L’essentiel pour cette famille demeure donc le rapport si particulier que les populations rurales entretiennent avec la nature. Les gens vivent de leurs cultures, poussant leurs enfants, même petits, à participer au ramassage des fruits et des légumes. Ils ne sont pas riches au sens strict du terme, mais ne se plaignent pas.
- Copyright ASC Distribution
Le vol de chevaux qui conduit au crime ignoble du père d’Olzhas ne semble finalement qu’une opportunité narrative. Le récit se concentre sur la mère qui va rester seule au foyer, avec ses trois bouts de gosses, dont Olzhas, qui doit grandir plus vite que ses sœurs. La cause de cette disparition tragique n’est pas économique. La mère décide de quitter le village pour déménager chez son frère. Le motif n’est pas celui du deuil, non plus. A ce propos, les populations démontrent un lien très particulier avec la mort. Les larmes, les émotions sont inexistantes, à commencer par les enfants, comme s’ils avaient été éduqués dans la perte à venir de leurs aînés. L’enjeu autour de cette mort est social. Les langues se délient et les femmes ont à peine essuyé les rares pleurs qu’elles se ruent vers la veuve et l’accusent d’avoir provoqué la mort de son conjoint. Naturellement, le film fournit la réponse à la brutalité de ces accusations. Toujours est-il que Les voleurs de chevaux donne à découvrir un peuple isolé, aux mœurs totalement inconnues des spectateurs occidentaux que nous sommes, ouvrant toute une série d’interrogations sur notre propre rapport à la matérialité et à la mort.
- Copyright ASC Distribution
Le long métrage est ponctué en permanence de plans larges qui permettent de découvrir des paysages magnifiques. La lumière, les couleurs, le travail sur la photographie, et même le son, où l’on discerne parfois le ronronnement d’un chaton ou les cris des oiseaux, rendent le récit envoûtant. La beauté et la quiétude de la nature illuminent proprement cette histoire pourtant tragique. La mise en scène, dépouillée et sensible, fait glisser le propos vers une forme de conte très pur, où chacun est invité à réfléchir à sa posture ethnocentrique et à relativiser sa condition. Le format plutôt court contribue à un sentiment d’apaisement et de tristesse qui grandit dans les yeux du spectateur.
- Copyright ASC Distribution
Yerlan Nurmukhambetov et Lisa Takeba nous offrent un grand film. Ils font la preuve qu’on peut créer une œuvre réussie avec des moyens limités. L’engagement très simple et intègre des comédiens, souvent amateurs, donne une voix particulière à l’amour et à la beauté des lieux. Le petit garçon qui incarne Olzhas est étonnant de vérité. Il traverse ce doux récit familial et champêtre, à la façon d’un ange, qui, n’en doutons pas, saura déployer ses ailes dans des projets futurs.
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criss 30 octobre 2022
Les Voleurs de chevaux - Yerlan Nurmukhambetov et Lisa Takeba - critique
J’ai adoré***********************
criss 30 octobre 2022
Les Voleurs de chevaux - Yerlan Nurmukhambetov et Lisa Takeba - critique
A voir revoir......***************