Les vies privées de Pippa Lee - La critique

Un film esthétiquement travaillé mais au scénario creux et aux personnages peu développés malgré des actrices convaincantes.

L’argument : Pippa Lee s’est construite une vie confortable dans une atmosphère feutrée. Elle est dévouée à son mari plus âgé, ainsi qu’à ses enfants déjà adultes. Mais à l’approche de la cinquantaine, cette sérénité en apparence parfaite s’effrite. Pippa a connu une enfance tumultueuse et délurée où se sont mêlés sexe, drogue et rock’n’roll. Désormais, elle doit donc trouver un équilibre entre sa jeunesse troublée et "la femme " trop rangée " qu’elle est devenue. Sa rencontre avec un mystérieux jeune homme va lui permet de trouver un nouveau sens à sa vie...

Notre avis : Les vies privées de Pippa Lee retrace par étape la biographie de son héroïne éponyme, interprétée par Robin Wright Penn. Sa voix guide la narration pendant la première demi-heure avant de se taire et de reprendre ponctuellement. Chaque événement de son passé est évoqué pour que l’on saisisse mieux ce qu’elle est devenue. Mais, à part le retournement final, on ne peut plus attendu tout de même, l’intrigue ne parvient jamais à captiver. Le récit parfaitement linéaire ne laisse aucune place à l’inconscient du personnage ou à l’imaginaire du spectateur, d’autant que la voix-off ne fait qu’expliciter ce que nous constatons à l’écran. Bien qu’initialement tragique, la vie bien ordinaire de cette femme ne s’avère pas passionnante et l’on finit pas s’ennuyer face à ses questionnements existentiels. Néanmoins, Blake Lively qui l’interprète dans sa jeunesse est particulièrement convaincante et donne au personnage une douceur et une complexité tout à fait complémentaires de la performance de Robin Wright Penn, tout en émotions retenues.
C’est pourquoi on regrette une absence de personnages secondaires forts. La réalisatrice, Rebecca Miller, semble s’être satisfaite d’acteurs reconnus pour les faire exister, en oubliant de leur donner une consistance. La grande déception vient du nouveau voisin interprété par Keanu Reeves dont nous ne savons que ce que sa mère évoque rapidement et qui constitue pourtant un point de repère important dans la vie de Pippa Lee. Ce rôle paraît sortir de nulle part et, manquant de profondeur, ne suscite pourtant pas grand intérêt.

© Bac Films

Toutefois, l’image est soignée et l’on apprécie aisément le travail réalisé par le directeur de la photo, Declan Quinn, qui crée une continuité plastique entre les moments présents et les retours en arrière. Les transitions sont fluides et ne laissent pas de doute sur la temporalité dans laquelle se trouve le récit. Les vies privées de Pippa Lee, malgré des acteurs concernés et manifestement réalisé dans un souci de réalisme, aurait pu être une approche sensible et dynamique du passage à la cinquantaine. Par excès de didactisme, le scénario ne fait que souligner grossièrement ce qui se devine par les expressions faciales et finit malheureusement par lasser.

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