Le pacificateur
Le 16 avril 2008
Un documentaire à la thèse peu convaincante qui brosse néanmoins un portrait complexe du leader des Beatles.
- Réalisateurs : David Leaf - John Scheinfeld
- Acteurs : John Lennon, Yoko Ono
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 16 avril 2008
- Plus d'informations : Le site officiel
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– Durée:1h39mn
– Titre original :The US vs. John Lennon
Un documentaire à la thèse peu convaincante qui brosse néanmoins un portrait complexe du leader des Beatles.
L’argument : Alors que la guerre du Vietnam suscite de plus en plus la polémique, que les manifestations s’intensifient et que le gouvernement américain multiplie les opérations d’espionnage et d’écoute, un chanteur célèbre décide de militer pour la paix.
Il doit alors faire face aux représailles du gouvernement américain.
Notre avis : Nous avons sans doute besoin d’idoles et de totems. De prismes dans lesquels peuvent converger toutes nos appréhensions, nos revendications silencieuses, nos envies de combat engluées dans le carcan du quotidien. Nous avons sans doute besoin d’une voix autre que celle du politique, viciée par le pouvoir, pour clamer haut et fort notre désir naïf de voir un jour l’humanité vivre enfin en harmonie. Dans les années 70, le représentant de cette utopie existentielle s’appelait John Lennon.
Le documentaire de David Leaf et John Scheinfeld nous dépeint un Lennon engagé contre la guerre du Vietnam et menacé par le gouvernement de sa terre d’adoption, les Etats-Unis d’Amérique. Passons sur la forme académique de cette œuvre, qui est plutôt destinée à la télévision qu’au cinéma, et arrêtons-nous sur ce qui nous intéresse réellement, à savoir l’ambiguïté de ce Lennon, citoyen du monde, soulignée peut-être involontairement par les auteurs.
On s’attend effectivement à découvrir des images d’archives montrant un chanteur vindicatif, délivrant un message implacable et rigoureux sur son engagement pacifique. Pas du tout. Ce qui frappe avant tout, c’est l’extrême puérilité du personnage. Un grand escogriffe faisant l’imbécile à côté de l’impassible matrone Yoko Ono. Un gamin ayant raté son enfance à cause de parents absents, et qui continue à défier l’autorité. Il est juste passé du conseil de classe de son lycée au gouvernement des Etats-Unis. Mais pour ce qui est du message politique, il reste maigre et superficiel. Lennon prône, avec une naïveté positive, une conception universelle et humaine de la paix. La paix, la paix, la paix, il n’a que ce mot-là à la bouche. Et uniquement à la bouche, car on assiste à très peu d’actions sur le terrain finalement. Mais est-ce vraiment le plus important ? La révolution de Lennon n’est-elle pas ailleurs ? N’est-elle pas plutôt artistique et surtout médiatique ?
Comme il le dit lui-même, Lennon a vendu un message de paix comme il aurait pu vendre un yaourt. Il s’est servi de son image et de celle de son couple pour répandre le mot « paix ». C’est la raison d’être de tous ces happenings et de toutes ces conférences de presse dans lesquels les journalistes étaient venus chercher des bouts de Lennon et Yoko et à l’issue desquelles ils sont repartis avec une tranche de paix sous le bras. Il a créé un marketing du rêve, un capitalisme de l’utopie, en luttant de manière pop, avec ce que cela implique comme avantages et inconvénients. Pas sûr qu’un gamin arborant un t-shirt du Che, de Lennon ou de Rage against the machine comprenne réellement de quoi il en retourne. C’est toujours le même problème.
Pour le reste, le documentaire prête à sourire. Penser que la vie de Lennon a été réellement mise en danger est à peu près aussi stupide que de croire que Coluche a été assassiné par on ne sait quelle milice du gouvernement français. Quant à l’épisode de la « green card » et de l’expulsion, cela reste anecdotique et ne méritait pas un traitement aussi important. D’ailleurs on peut se demander si tout cela aurait reçu les honneurs d’un film sans l’incroyable aura du chanteur. De même, d’autres activistes anonymes ne mériteraient-ils pas le même traitement ? C’en est certain.
A noter enfin le parallèle évident entre ces années « Vietnam » et les années « Irak » d’aujourd’hui, avec les croisades anti-Bush des Neil Young, Springsteen, Pearl Jam etc., malheureusement ignorées par les auteurs du documentaire.
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