Le 19 septembre 2015
Un film dopé à la testostérone, plein de bruit et de fureur, mais desservi par un trop plein de grandiloquence.


- Réalisateur : Laurent Laffargue
- Acteurs : Sergi López, Éric Cantona, Romane Bohringer, Céline Sallette, Guillaume Gouix
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 23 septembre 2015

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Un film dopé à la testostérone, plein de bruit et de fureur, mais desservi par un trop plein de grandiloquence.
L’argument : Casteljaloux, village du sud-ouest de la France. Entre amitié, ivresse et plaisir du verbe, les hommes y sont Les Rois du monde. Mais quand Jeannot sort de prison, il n’a qu’une seule idée en tête : reconquérir Chantal, l’amour de sa vie, qui s’est installée en son absence avec le boucher du village. La tragédie grecque prend alors des allures de western.
Notre avis : De ce premier film de Laurent Laffargue, venu du théâtre et adaptant sa propre pièce, Casteljaloux, on retiendra surtout l’aspect corrida d’un vaudeville tragique, notamment dans son déroulement inexorable vers un final antique, soutenu par le jeu très physique des principaux protagonistes Sergi Lopez et Eric Cantona.
Sergi lopez interprète un ancien taulard dont le personnage essaie de reconquérir sa belle, partagée malgré elle entre deux hommes. De ce duel au sommet de la compétition amoureuse qui ressemble en bien des points à un duel d’animaux, Laurent Laffargue semble vouloir faire le terrible constat que l’homme est animal comme les autres, entièrement soumis à des pulsions primaires.
© Jour2fête
Cet archétype laisse peu de place à la psychologie, souvent absente, chez Jeannot le taulard comme chez Jacky le boucher (Cantona), son rival. Chantal (Céline Sallette) paraît, de son côté, plus un trophée aux yeux des deux protagonistes qu’une vraie personne.
En fait, cette oeuvre sanguine, dopée à testostérone, propose de l’homme du Sud une vision profondément décérébrée, en proie à des pulsions ancestrales et meurtrières, dont tout sens de la civilisation semble s’être retiré. Jeannot n’est plus qu’un être pulsionnel et imbibé de Ricard, avide de simplement reconquérir par tout moyens l’être cher perdu.
© Jour2fête
Possessivité, violence, psycho-rigidité sont les marqueurs de cet antagonisme ancré dans une ruralité rugueuse, seulement adoucie par cette professeure de théâtre à ses heures perdues, que représente le personnage de Sallette, distillant à ses jeunes élèves, lors de répétitions, le germe maudit de la fatalité.
En cela Les Rois du monde résonne comme un film plus coup de poudre que coup de foudre, dont nous retiendrons une certaine grandiloquence à défaut de finesse dans la description de ses personnages.